Avec 𝙚𝙩 contre tous : l’imaginaire de la foule dans deux films de King Vidor
Connu, entre autres, pour ses grandes fresques historiques, King Vidor (1894-1982) est un cinéaste qui n’hésite pas mettre en scène les foules au cours de séquences aussi lyriques qu’épiques. Mais c’est dans une veine plus sociale et intimiste qu’il réalise, entre 1928 et 1934 deux films que l’on considère souvent comme un diptyque mettant en scène le même duo de personnages : La Foule (1928) et Notre pain quotidien (1934). Ces deux œuvres sont traversées par les remous de l’Histoire : la crise de 1929 et le krach boursier hantent la dernière partie de La Foule tandis que Notre pain quotidien a été réalisé au moment de la mise en place du New Deal par le président Roosevelt. Mais ces deux films proposent pourtant une représentation de la foule aussi différente que complémentaire. Dans le premier, c’est une figure mouvante, plastique, insaisissable au-dessus de laquelle le personnage principal cherche à tout prix à s’élever ; dans le second, il s’agit davantage de faire corps avec la foule pour vaincre l’adversité à l’aide du collectif. Dans les deux cas, il ne s’agit plus de parvenir à exaucer son « rêve américain » envers et contre tout mais davantage de composer avec et contre tous.