Dilettantes ou historiens, portraits des premiers auteurs de l’histoire du cirque

Léa de Truchis

01/03/2022

Plan de l’article :

  • Entre amateurs et historiens du cirque
  • Portraits de dilettantes de cirque 
    • Henry Thétard, journaliste (1884-1969) 
    • Tristan Rémy, écrivain romancier (1897-1977)
    • Paul Adrian, bibliothécaire (1919-2013) 
  • Vers un dilettantisme proche de la vulgarisation

Le cirque et son histoire sont avant tout affaire d’imaginaires largement diffusés par les arts de masse, que ce soit par exemple la littérature ou le cinéma. Aussi faut-il rappeler que, en Europe, contrairement à la forme américaine qui a vu le cirque se déployer sous chapiteau, cet art, d’abord né en Angleterre au XVIIe siècle, est un art de la ville, qui s’est développé dans des salles de spectacles qui lui ont été destinées : les cirques « en dur », d’abord en bois, puis en pierre. Ces salles participent à l’intégration du cirque dans la vie culturelle et nocturne des populations urbaines. Krizia Bonaudo rappelle que le Cirque Medrano devient le lieu de rencontre de l’élite intellectuelle et artistique parisienne au début du XXe siècle. Parce qu’il est un art urbain, au cœur de l’activité culturelle, le cirque fascine toutes les couches de la population avec son univers et l’imaginaire qu’il induit :

Le bourgeois de l'époque entre le XIXe et XXe siècle se sent attiré par ce contexte mais aussi tragiquement exclu. Il le pénètre exclusivement grâce au compte rendu qu'on lui en propose. Il ne peut pas comprendre les règles à la base de ce monde artistique « hors norme » et aux traits antiacadémiques et, en même temps, il lui est impossible d'interagir avec ses personnages : des êtres à mi-chemin entre la réalité et le monde fictif. Ils vivent dans un univers à part où les lois de la gravité semblent être suspendues et où le temps semble s'écouler différemment par rapport à la réalité contingente[1].

À mi-chemin entre haute culture, culture de masse et art marginal, le cirque fascine par sa position d’art populaire, divertissant la plèbe de numéros grotesques, mais il éduque aussi les foules à grand renfort de nouveautés animales, humaines ou techniques. À une époque où la télévision n’existe pas encore, et au moment du colonialisme triomphant, le cirque fait office de fenêtre sur le monde. Cependant, malgré sa popularité indéniable au tournant des XIXe et XXe siècles, le cirque n’est pas encore un objet d’attention pour les historiens contemporains, alors plus préoccupés par l’écriture du récit national que par l’histoire des pratiques artistiques de masse.

Si l’on se fie à la Bibliographie française du cirque[2] de J.-C. Delannoy, établie en 1944, le texte français le plus ancien dédié au cirque serait un Almanach des spectacles du Cirque Olympique datant de 1828. Cette bibliographie permet de constater qu’entre les années 1820 et 1940, les écrits sur le cirque proviennent majoritairement de la presse ; dans une moindre mesure, on y trouve aussi des traités de philosophie, des romans, des mémoires. Les premiers ouvrages français déployant une perspective principalement historique sur le cirque sont publiés en 1889 (Les Jeux du cirque et la vie foraine d’Hugues Le Roux) et 1903 (L’Acrobatie et les acrobates de Georges Strehly). Cependant, les principaux ouvrages reconnus comme faisant référence dans l’histoire du cirque ne sont publiés qu’à partir des années 1940, et plus globalement durant la seconde moitié du XXe siècle. Ce sont ces ouvrages qui servent d’appui à la première génération de chercheurs universitaires sur le cirque, qui émerge dans les années 1990. Ces œuvres de référence[3] ne sont pourtant pas écrits par des historiens, mais par des passionnés volontaires. Pour reprendre les mots de Quentin Villa, doctorant en histoire qui étudie le cirque de l’entre-deux guerres, « la majorité des travaux sur le sujet que l’on trouve actuellement en France sont le fruit d’amateurs éclairés – dans le sens noble du terme[4] ». Les travaux d’histoire du cirque et de déconstruction des écrits de ces dilettantes ne sont que très récents et encore en chantier. Depuis les années 2010, les historiens universitaires s’attachent à étudier des périodes précises ou des éléments particuliers de cette histoire[5] plutôt que d’entreprendre une vision encyclopédique du cirque, souvent trop généraliste et vague, comme le font la plupart des historiens amateurs qui ont contribué à écrire et diffuser l’histoire du cirque. Nous ferons donc les portraits des trois auteurs les plus connus (pour leurs œuvres et pour leur carrière) en matière d’écrits français sur l’histoire du cirque, Henry Thétard, Tristan Rémy et Paul Adrian, afin de comprendre l’importance de la posture de dilettante dans l’histoire des travaux sur l’histoire du cirque.

Entre amateurs et historiens du cirque

Les premiers ouvrages de l’histoire du cirque (c'est-à-dire ceux d’Hugues Le Roux, Georges Strehly, et ceux qui font l’objet de cet article) insistent tous sur l’importance de « l’Histoire vraie », afin de démystifier l’imaginaire du cirque tenu pour réalité. Cependant, l’histoire du cirque a majoritairement été écrite par les histoires de chacun, comme des récits (récits héroïques, récits des origines, récits familiaux), sans égard pour un quelconque principe d’objectivité. La première phrase de l’auteur Serge – pseudonyme de Maurice Féaudierre – dans son Histoire du cirque, parue la même année que l’ouvrage de Henry Thétard (en 1947), est révélatrice : « Le cirque est un si fabuleux mirage qu’on ne sait avec quelle pince le saisir[6] ». Son histoire est un récit à la première personne, commençant par un récit sur l’Antiquité traitée sur un mode proche de la mythologie :

une ville étrange, aux confins de l’Euphrate, se mit à surgir des sables qui l’étouffaient. Elle dressa subitement ses colonnades, ses palais et ses trésors, et l’ancienne cité de Persépolis étendit parmi des monstres géants et ailés la ceinture de ses arabesques[7].

De la même manière, ses sources sont traitées sur le mode de la légende : « prétendent d’anciens livres[8] », « sur une très vieille mosaïque romaine[9] », « paraît-il[10] », « je suis même persuadé[11] », « on prétend[12] ». Cependant, comme ses contemporains et autres historiens amateurs, il cite sa bibliographie de référence ; on note, dans le cas de Serge, le commentaire qui l’accompagne :

Il n’existe pas d’ouvrages racontant la vie mondiale du cirque, des clowns, des acrobates, de fauves et des phénomènes, une histoire des Pistes, présentée comme ici.

Ouvrages consultés pour certains récits :

Le Magasin pittoresque, de 1835 à 1865, Paris.
Lectures pour Tous, 1899, Paris.

Dictionnaire du théâtre, par A. Pougin, 1885, Paris.
Le Vieux Paris, par A. Fournel, 1887, Paris.
Les Jeux du cirque et de la vie foraine, par H. Leroux, 1889, Paris.
[puis l’auteur se cite lui-même[13]].

C’est par distinction avec ce modèle mythologique que les textes des trois dilettantes qui nous intéressent font date. Alors même que ces passionnés sont journaliste, bibliothécaire ou romancier, ce n’est plus un récit de littérature ou un recueil de leurs propres articles qu’ils proposent, mais bien une histoire comprise comme un récit méthodologique. C’est ce que montre un extrait de l’introduction de La Merveilleuse histoire du cirque d’Henry Thétard :

Il est possible que ce livre déçoive les lecteurs assoiffés de lyrisme. À mon sens, on a cependant trop traité du cirque sur le plan de la littérature ou celui d’une fantaisie qui parfois devenait simplement de la niaiserie. Une relation directe, nullement romancée, de l’histoire du cirque et de ses artistes depuis cent soixante-dix ans comporte en elle-même suffisamment de pittoresque et de poésie pour satisfaire à la fois les amis de ce spectacle et le grand public[14].

Leur volonté est de mettre à disposition leur savoir de passionnés et d’éclairés au service de l’art qui les passionne pour déconstruire les clichés qui l’entourent, et ainsi valoriser le cirque aux yeux du public, qui, tout au long du XXe siècle, s’en désintéresse peu à peu.

Hommes de lettres, amateurs d’art, connaisseurs du milieu, ou même artistes, les auteurs de l’histoire du cirque – nos trois dilettantes et leurs successeurs – ont une approche davantage encyclopédique et vulgarisatrice que véritablement historienne. Leur priorité est de démystifier le cirque en racontant ses origines et son évolution jusqu’à leur époque, et en expliquant les différentes disciplines. Héritiers de ces figures, on peut citer aujourd’hui Dominique Denis, Dominique Jando ou Pascal Jacob comme nouveaux amateurs éclairés pourvoyant à l’histoire du cirque. Ce dernier en particulier, metteur en scène et collectionneur amateur de cirque, a repris cette place d’expert en professionnalisant son activité de connaisseur[15]. À partir de 2001, à l’occasion de l’Année des arts du cirque (proclamée par le ministère de la Culture pour promouvoir et redorer l’image d’un art alors divisé entre une tradition vieillissante et un nouveau cirque issu des artistes libertaires de la génération de 1968), Pascal Jacob multiplie les publications, répondant à des commandes publiques de revalorisation de la culture circassienne grâce à ses qualités de vulgarisateur. Son ouvrage de 1992, La Grande Parade du cirque, est rééditée en 2001 dans une version augmentée, Le Cirque, un art à la croisée des chemins ; il écrit également La Fabuleuse Histoire du cirque (2002), Le Cirque voyage vers les étoiles (2002), Le Cirque, du théâtre équestre aux arts de la piste (2002), Cirque et compagnies (2009), Les Métiers du cirque, histoire et patrimoine (2013), Une histoire du Cirque (2016), pour n’en citer que quelques-uns. Il est intéressant de constater que, dans un contexte où les études universitaires sur le cirque se développent, les commandes du ministère de la Culture se tournent plutôt vers un auteur indépendant, ayant déjà des publications de vulgarisation à son actif, plutôt que vers des historiens universitaires.

Parmi les critiques faites à cet auteur par les chercheurs en histoire du cirque, on retrouve celle de la réutilisation des mêmes informations à travers ses œuvres, ou encore, comme l’explique Quentin Villa, le fait qu’« en raison de leur format limité (ils excèdent rarement 300 pages), ces livres manquent de profondeur et font preuve d’une tendance à la simplification pouvant induire en erreur[16] ». Cependant, on note que le format de ces œuvres correspond à des commandes de vulgarisation de l’histoire du cirque, et que la critique de la réutilisation des données est en fait une critique applicable à l’ensemble des historiens amateurs de cirque dont Pascal Jacob est l’héritier. Étant tous membres du Club du Cirque et auteurs actifs pour Le Cirque dans l’univers, la revue lancée par Henry Thétard, le partage des informations se fait dans un petit cercle fermé qui s’auto-entretient dans les références.

Du collectionneur au spécialiste, du journaliste à l’historien, la position du dilettante pour l’histoire du cirque reste donc problématique. Par contraste avec leur position initiale de seuls experts, les études scientifiques observent aujourd’hui ces travaux au regard de méthodes historiographiques jugées douteuses. On constate que le travail au cœur des sources est inexistant, alors même qu’ils sont fréquemment collectionneurs et archivistes, à l’image de Paul Adrian ou Alain Frère[17]. Parce que ces premiers auteurs de l’histoire du cirque sont majoritairement des journalistes, ils traitent l’Histoire par l’histoire, par l’anecdote, l’intime, ce qui est proche d’eux. Et parce qu’ils sont passionnés, l’histoire est souvent traitée sur un ton épique, soulignant l’engouement des auteurs pour leur sujet.

Portraits de dilettantes de cirque 

Pour comprendre le contexte d’émergence des écrits amateurs sur l’histoire du cirque en France, il convient d’étudier les trajectoires des trois auteurs les plus connus en la matière : Henry Thétard, Tristan Rémy et Paul Adrian, respectivement journaliste, écrivain et bibliothécaire. Ils sont pionniers dans cette vague de l’écriture encyclopédique de l’histoire du cirque qui traverse la seconde moitié du XXe siècle. Venus de milieu sociaux différents, ils ont pourtant le même rapport au cirque : celui de connaisseur passionné depuis l’enfance qui développe sa passion en écrivant son histoire, en parallèle des activités professionnelles.

Henry Thétard, journaliste (1884-1969)

Comme l’a écrit Paul Adrian, « le cirque commence à cheval[18] ». Ce titre fait référence à Philip Astley, identifié comme le père du cirque moderne. Au sortir de la Guerre de Sept Ans (1756-1763) entre la France et l’Angleterre, cet écuyer militaire anglais, passionné de chevaux, se retrouve sans emploi. Astley s’inspire de ses contemporains pour monter un spectacle de dressage équestre tout public, alimenté par quelques acrobaties et amusements. Jusque dans les années 1860, le cirque est un spectacle majoritairement équestre[19], et Henry Thétard, fils de militaire, passe sa jeunesse dans les écuries paternelles ; il grandit dans ce contexte où le cheval est encore roi. Son intérêt pour le cirque est donc immédiat. Mais sa carrière l’emporte initialement vers le journalisme. Il est mobilisé en Afrique durant la Première Guerre mondiale. Quentin Villa retrace le parcours d’Henri Thétard :

À l’issue de la Première Guerre mondiale […] il s’adonne à un hobby assez peu ordinaire puisque, à l’occasion de galas ou événements de charités, il officie régulièrement comme dompteur amateur. Dans les années 1900, alors que ses parents lui avaient coupé les vivres, Thétard s’était en effet fait engager à la ménagerie Darius en qualité de dompteur pour 4 francs journaliers[20].

Ce journaliste du Petit Parisien est donc un « phénomène » aux yeux de ses contemporains, un de ces personnages étranges qui a réussi à pénétrer le monde du cirque : en témoignent les caricatures de Louis Bouet (1880-1935), disponibles sur le site encyclopédique de la Bibliothèque nationale de France et du Centre national des arts du cirque. L’une des notices de ces caricatures détaille l’impact de son service militaire sur sa personnalité :

Il garde de ses années d’engagement militaire la nostalgie du dolman soutaché d’or des officiers et une façon de gérer relations et affaires droit dans les yeux, un peu à la hussarde, ce qui ne nuit pas lorsqu’on se retrouve face à face avec le terrible lion d’Artagnan dans une cage étroite[21].

Nous insistons sur le fait que le dressage est chez Henry Thétard désormais un « hobby », cette activité n’est plus une nécessité financière, comme elle l’était dans sa jeunesse. S’il « développe un savoir zoologique reconnu qui conduit le maréchal Lyautey à lui confier la direction du zoo de l’Exposition coloniale en 1931 – l’actuel Zoo de Vincennes[22] » jusqu’en 1932, comme le rappelle Quentin Villa, il n’en reste pas moins journaliste avant tout. Son activité d’historien amateur s’additionne à son métier de chroniqueur : il lance en 1928 les Chroniques du cirque pour Le Petit Parisien, et il publie la même année son premier livre, Les Dompteurs ou la Ménagerie des origines à nos jours. Il se sert de sa profession pour écrire dans un média de masse au sujet du cirque (Le Petit Parisien fait partie des quotidiens les plus lus de l’époque[23]) et diffuser ses connaissances sur sa passion. En ce sens il agit en dilettante lorsqu’il publie ses écrits de cirque. Si son premier rapport au cirque est de l’ordre de la nécessité financière, en revanche ses publications ne semblent pas être des activités lucratives Alors que son livre Coulisses et secrets du cirque (1934) est effectivement un recueil d’articles publiés, ses ouvrages emblématiques d’histoire sont le fruit d’un travail annexe mais d’envergure, comme La Merveilleuse histoire du cirque, publiée en 1947 en trois volumes (Paris, Éditions Prisma).

À des fins à la fois didactiques, probantes et illustratives, il insère de multiples reproductions d’images d’archives (photographies, dessins et affiches) dans ses travaux, et il offre des repères au lecteur en proposant de longs index de noms de cirque, d’hippodromes, et d’artistes de cirque. Il ajoute même une martyrologie, c’est-à-dire une liste d’artistes morts dans des circonstances de cirque, à grands renforts de date et détails lugubres, marquant ainsi sa connaissance des faits tout autant qu’une intention édifiante. La Merveilleuse histoire du cirque est organisé de façon encyclopédique (c’est d’ailleurs ce modèle qui sera repris jusque dans les années 2010). La première partie écrit une histoire en apparence complète et globale du cirque – des temps anciens à aujourd’hui, et de l’Europe aux États-Unis ; la deuxième partie détaille dans chaque chapitre les différentes disciplines du cirque. Tout ce travail s’appuie sur des sources multiples d’auteurs français, anglais, allemands et italiens. Cependant Thétard n’effectue aucun travail d’archives, il ne s’appuie pas sur des sources primaires, mais toujours sur les écrits-récits de ses prédécesseurs.

Son statut de passionné et son aura journalistique lui donnent du poids pour créer en 1949 le Club du Cirque. Cette association existe encore. Nous avons pu constater combien Henry Thétard est présenté par ce Club comme un passionné avant tout :

Une première association d’Amis du Cirque, avait été créée en 1933. Seize ans plus tard, le journaliste, dompteur, historien et auteur de La Merveilleuse histoire du cirque, Henry Thétard réunissait « un groupe d’amateurs purs, unis par l’amour du spectacle de la piste » et rédigeait les statuts du Club du Cirque.

La réunion constitutive du Club du Cirque se tint le 9 avril 1949 à Paris, avec 26 participants, Henry Thétard étant nommé Président actif. Les pionniers de cette association, groupés autour de la personnalité de son Président étaient des passionnés fréquentant les milieux professionnels de la piste, des artistes de cirque, des historiens, des journalistes et critiques, des écrivains, des poètes, des peintres, des sculpteurs, des photographes, des collectionneurs[24].

L’idée d’éclectisme mise en avant pour décrire ce groupe de passionnés incite à penser que ce Club est bien un lieu de rendez-vous de dilettantes, au sens d’amateurs éclairés. Il s’agit bien d’une association, donc aucun n’est payé pour son engagement dans les activités du groupe. Or, le Club du Cirque lance l’année de sa création une revue, Le Cirque dans l’univers, encore publiée aujourd’hui et que Thétard a dirigée jusqu’en 1959. Comme l’explique Quentin Villa, « la revue a une influence déterminante puisqu’elle constitue un lieu de réunion et une rampe de lancement pour les historiens du cirque amateurs qui s’imprègnent d’une même façon d’écrire l’histoire du cirque[25] ». Il souligne d’ailleurs que les amateurs historiens de cirque qui ont publié des ouvrages sur la question depuis 1949 sont tous des contributeurs de la revue de Thétard. Il est donc la figure par excellence du dilettante de cirque – au sens du connaisseur érudit et passionné mais non professionnel – qui aura fait de sa passion sa postérité.

Tristan Rémy, écrivain romancier (1897-1977)

Henry Thétard n’a pas été le seul féru de cirque de son époque, comme en témoigne la création du Club du Cirque. L’écrivain Raymond Desprez, qui a pris pour pseudonyme Tristan Rémy, fait partie des pionniers de l’histoire du cirque, avec pour spécialité, les clowns.

Tristan Rémy n’est pas issu de la bourgeoisie : fils d’une boulangère et d’un ouvrier, il suit l’exemple paternel et se fait embaucher comme ouvrier des chemins de fer à Paris. Il devient écrivain après sa rencontre avec Henry Poulaille, romancier prolétarien engagé ; il écrit dans la revue de ce dernier, Nouvel Âge. Des divergences politiques l’éloignent de son mentor. En 1936, il est récompensé du prix du Roman populiste pour Faubourg Saint-Antoine. Tristan Rémy est avant tout un auteur engagé et politisé, et son attrait pour le cirque est initialement d’ordre politique, social et militant. Le cirque et le music-hall représentent pour lui la culture prolétaire, du fait de leur imaginaire urbain et populaire. Jean-Charles Ambroise note combien « ses romans […] mettent en avant des métiers ou des conditions relativement inhabituels dans la littérature prolétarienne (artistes de cirque, prostituées, concierges, vagabonds[26]…) ». Il relève notamment l’exemple du roman À l’ancien tonnelier, publié en 1931, dont l’intrigue politique se mêle à une trame sentimentale, « l’histoire d’amour d’un ancien artiste de cirque infirme et d’une orpheline[27] ».

Après la guerre, Rémy ne se cantonne plus au roman. Il commence à publier des articles au sujet du cirque et autres arts dans différents médias, comme la revue Monde, revue hebdomadaire internationale culturelle et politique à laquelle de nombreux artistes et intellectuels de l’époque participent. Il publie également dans des médias plus partisans comme le quotidien L’Humanité, avec une ligne éditoriale socialiste, ou encore le magazine photographique Regards, engagé dans les mouvements antifasciste, anticolonial, antiraciste, et qui s’intéresse à la vie quotidienne de la classe populaire. Son engagement pour l’étude des arts de la culture prolétaire[28] (music-hall et cirque) s’accélère, puisqu’il devient Vice-président de l'Association de la presse du cirque et du music-hall, créée en 1929, et qu’il fonde l’Union des historiens du cirque, dont il est président en 1959. Jean-Philippe Camborde précise au sujet de cette Union qu’elle réunissait « vingt-et-un chercheurs de dix nationalités différentes, auteurs de quatre-vingt-sept monographies originales (réunies et publiées in Thesaurus Circensi, Trapézio libri, Udine, 1990, 2 volumes) ». Toutefois les études à ce sujet « se trouvent dans Les cahiers de Tristan Rémy. Cirques. Revue française du cirque, publication ronéotypée parue entre 1956 et 1961, et tirées à environ 120 exemplaires, et que possèdent, seuls, les "Amis du Cirque[29]" », précise – à regret – le spécialiste de Tristan Rémy.

Rémy est donc le premier à se revendiquer historien de cirque. Mais plutôt que sur des archives, il s’appuie sur une démarche presque ethnologique lorsqu’il s’imprègne d’un milieu pour ses romans. Ses temps d’observations – même s’ils ne sont pas destinés à l’étude du cirque en particulier – font de lui un spécialiste et lui permettent de publier des livres sur l’histoire de cet art comme Les Clowns[30], Petite histoire du cirque[31], ou encore Entrées clownesques[32], pour ne citer que les plus connus. À la manière d’Henry Thétard, Tristan Rémy cite ses références en début d’ouvrage (par exemple dans Le Cirque et ses étoiles, paru en 1949), et on comprend que ce sont celles-ci qui lui permettent de multiplier les dates, les noms de lieux et d’artistes. Cependant, on note très vite les limites de ce travail « historique ». En effet, son récit des origines du cirque moderne est essentiellement centré sur la France, autour de Philip Astley, alors que celui-ci est anglais, et que, comme l’explique Caroline Hodak[33], les premières expérimentations publiques se sont en réalité effectuées autour de Londres. Le titre auto-proclamé d’historien du cirque reflète non pas l’activité d’un historien rigoureux, mais bien un statut d’amateur cultivé multipliant les publications et reproduisant parfois des idées reçues ou des mythes fondateurs.

Notons que Tristan Rémy écrit également dans la revue du Club du Cirque, Le Cirque dans l’univers. Connu et reconnu pour son œuvre littéraire, il peut donc finir sa vie à se consacrer à ce qui est devenu une passion, le cirque. Il propose en 1960, à l’occasion d’un rassemblement organisé par l’Association des bibliothécaires français, un système de classement méthodique des documents concernant les arts du cirque[34]. Il est consacré dans son rôle de spécialiste lorsqu’il est invité à jouer son propre rôle dans le film Les Clowns de Federico Fellini (1971). Et comme le précise la notice de la Bibliothèque nationale de France sur Tristan Rémy, « en 1977, il donna sa collection d’estampes et de photographies de cirque (notamment des portraits de clowns du XIXe et du début du XXe siècle), mais aussi ses archives et notes de travail sur le cirque et le mime formant le Fonds Rémy[35] ». Collectionneur et historien tardif, ce romancier engagé fait donc figure de dilettante bien particulier, en se situant loin du cliché de la bourgeoisie oisive ; il est un amateur non par la pratique – comme l’était Henry Thétard – mais par la théorie, en fondant le premier regroupement de chercheurs sur le cirque. Son dilettantisme fonde donc les bases d’un nouveau champ d’études académiques. Cependant, cet amateur pionner n’a pas laissé trace de protocoles scientifiques particuliers dans l’étude des discours sur le cirque, et les acteurs de la recherche contemporaine doivent aujourd’hui décortiquer voire déconstruire ses acquis, au moyen de méthodes empruntées à différents domaines (histoire, sociologie, etc.).

Paul Adrian, bibliothécaire (1919-2013)

Paul Adrian, Henwood de son vrai nom, a un profil qui se rapproche davantage de celui d’Henry Thétard.  Comme son prédécesseur, il est influencé par son père dans sa passion pour les spectacles équestres. Dans leur article pour présenter les archives de Paul Adrian au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France, Joëlle Garcia et Philippe Henwood racontent les origines de ce collectionneur :

Son père, Eugène Henwood, qui déjà signait H.W. Adrian, était, en effet, un grand amateur de courses hippiques. En 1919, au retour de la guerre de 1914 et l’année même de la naissance de son fils Paul, il créa le journal La Vie hippique, dont il fut le rédacteur en chef et assura la parution bihebdomadaire jusqu’en 1940. Notons que, dès l’âge de 15 ans, son fils y apporta sa contribution en tenant une rubrique consacrée… aux spectacles recommandés aux turfistes de passage à Paris[36].

Son enfance tournée vers le cheval semble donc le prédestiner à aimer le cirque, comme le montre l’anecdote de la rencontre de son père avec André Gruss, le père du fameux Alexis Gruss[37] :

Né le 31 octobre 1919, soit tout juste trois jours après Paul, André a passé son enfance dans un cirque. Or ce cirque avait l’habitude de tenir ses quartiers d’hiver près de Paris, à Épinay-sur-Seine, ville où habitait… Paul. Un jour, en 1927 ou 1928, le poney que promenait André entra dans le jardin de Paul… Une amitié était née, amitié que vint sans doute renforcer le fait que les deux enfants perdirent tous deux leur mère alors qu’ils n’étaient âgés que d’une dizaine d’années[38].

Paul Adrian, bibliothécaire passionné de cirque, est donc des trois personnages qui nous intéressent dans cet article celui dont l’activité d’historien du cirque est la plus proche de la définition du dilettantisme. Son activité principale reste celle de bibliothécaire. Il commence néanmoins à publier des articles dans des revues spécialisées très tôt, et à l’âge de trente-et-un ans, en 1951, il écrit dans la revue de Henry Thétard, Le Cirque dans l’univers. S’il continue ses contributions pour la revue jusqu’en 2008, il crée en parallèle sa propre revue avec l’illusionniste Carrington, Scènes et Pistes (1954-1987). Une passion chronophage qui le rend très prolifique :

Il écrit également de très nombreux articles dans d’autres revues consacrées au cirque et au music-hall tels la Revue officielle des spectacles et de la musique (1949-1953) ou encore Music-hall. Revue internationale du spectacle (1953-1960), et surtout Le Cirque dans l’univers (le bulletin du Club du cirque, 1951-2008), l’Officiel des fêtes de France (1988-2007) et Organ show business (1988-2007[39]).

Bibliothécaire donc, mais surtout connu pour son activité d’écrivain sur le cirque. Il s’autoproclame « écrivain-circologue », explique Quentin Villa, et les archives dont il fait don à la Bibliothèque nationale de France[40] témoignent de son activité amateur d’archiviste collectionneur en plus de ses écrits de chroniqueur passionné.

Pour Joëlle Garcia et Philippe Henwood, « du journaliste à l’historien, le pas est vite franchi par les passionnés dotés d’une belle plume. La documentation devient alors histoire[41] ». Cependant, son activité d’archiviste n’est pas celle d’une recherche historiographique et comme ses prédécesseurs, le travail entre lecture d’écrits antérieurs et interprétation des sources est confondu. Ce collectionneur écrit donc en dilettante ses propres livres dès les années 1950, et il fonde les éditions Adrian pour auto-publier en 1968 Le Cirque commence à cheval, le premier livre de sa collection « L’Encyclopédie du Cirque ». Le sous-titre « Histoire illustrée de la voltige, des élévations, de la haute-école, des évolutions de la cavalerie et de la pantomime équestre », montre cette tendance au travail encyclopédique. Son travail d’écriture est colossal puisque « suivent six autres volumes consacrés aux clowns (1969), aux acrobates (1973), aux jongleurs (1977), aux liens entre cirque et cinéma (1984), aux acrobates aériens (1988) et enfin aux équilibristes (1993[42]) », en plus d’une réédition augmentée de son premier tome en 1979. Si ces publications peuvent être considérées comme un travail à part entière, on continue de qualifier de dilettante ce bibliothécaire passionné, « chroniqueur, historien et surtout grand ami du cirque[43] ». Ses recherches incluent le concours de sa femme qui lui a permis de lister par ordre alphabétique les artistes et les troupes vues en France, avec détails de dates et de disciplines acrobatiques. Ce « patient travail de transmission mené par ces amoureux du cirque [a permis de constituer] des dossiers autour du patrimoine du cirque, notamment sur les musées et les expositions du cirque[44] ». Ils se donnent donc pour mission d’être la « mémoire du cirque » en plus d’en être les chroniqueurs, et Paul Adrian s’inspire du modèle d’Henry Thétard pour penser la connaissance du cirque en termes encyclopédiques. Le terme de « circologue » dont s’enorgueillit Adrian en dit long sur la figure de sachant (qui possède le savoir, dans son cas métaphoriquement et littéralement) qu’il veut incarner, tout en restant professionnellement en marge de ce monde qui le fascine.

Vers un dilettantisme proche de la vulgarisation

Passionnés, collectionneurs et historiens de la première heure, Henry Thétard, Tristan Rémy et Paul Adrian sont des amateurs éclairés qui ont constitué la base des connaissances et savoirs sur le cirque. Ils peuvent être considérés comme des dilettantes au sens où ils sont amateurs de cirque, qu’ils y consacrent leurs vies en tant qu’observateurs, collectionneurs et parfois acteurs du milieu. Bourgeois connaisseurs de cet imaginaire de la marge, de la bohème et de l’extraordinaire, ils en font la promotion, jusqu’à en devenir, paradoxalement, les premiers spécialistes. Leur dilettantisme s’exprime dans l’analyse et la défense d’une passion commune ; loin d’être paresseux, leur engagement pour le cirque est fécond, particulièrement en termes sociaux et politiques. En étant les colporteurs d’une version de l’histoire plus proche de la réalité que celle diffusée par la culture populaire, ils permettent un renouvellement de l’image du cirque au moment où celui-ci tombe en désuétude. Martine Maleval explique le rapport de l’État face à la défense du cirque au début des années 1980 :

Les premiers engagements de l’État vis-à-vis du cirque s’accompagnent d’une défense de la tradition qui, pour certains, s’appuie sur une sauvegarde du patrimoine (au moins architectural). Qui dit conservation d’un lieu, le cirque en dur ou le chapiteau, dit également la nécessité de maintenir la forme spectaculaire qui y est indéfectiblement attachée, et réciproquement[45].

Les politiques culturelles s’appuient sur ces premières œuvres dites d’histoire pour revaloriser le cirque et en faire un objet traditionnel à défendre. Les travaux de Thétard, de Rémy, d’Adrian et de leurs successeurs forment le socle sur lesquelles s’appuient les institutions culturelles pour revaloriser le cirque en France à la fin du XXe siècle (ainsi, l’Année des arts du cirque promue par le ministère de la Culture en 2001, déjà évoquée). Encore aujourd’hui, leurs travaux font référence dans le milieu universitaire, qui commence à peine à questionner l’historiographie du cirque et ses méthodes[46].

Les dilettantes étudiés se considèrent et sont considérés comme historiens par leur approche encyclopédique, éventuellement narrative, et parfois collectionneuse, créatrice d’archives, de l’histoire du cirque. Cependant le statut d’historiens de ces amateurs de cirque est sujet à caution, au regard de l’épistémologie de la discipline historique, fondée sur l’examen rigoureux des sources et la construction d’une posture scientifique. De plus, les choix éditoriaux des dilettantes reposent sur un entre soi (ainsi la revue Le Cirque dans l’univers, où les éditions créées par Paul Adrian pour ses propres publications, de même pour Dominique Denis) ou sur des médias de vulgarisation (les quotidiens et revues d’abord, puis dans le cas de Pascal Jacob des éditions jeunesse ou grand public). Aussi, le dilettantisme des fondateurs de cette histoire du cirque doit être souligné pour son statut de recherche non professionnelle, qui induit un style d’écriture et de rapport à l’histoire ne pouvant plus satisfaire les chercheurs actuels. Les pionniers ont également légué une posture de l’amateur de cirque qu’il est difficile de déconstruire pour promouvoir un discours scientifique sur le cirque, s’efforçant de ne pas reconduire la mythologie fondatrice.

 

Bibliographie chronologique des écrits sur l’histoire du cirque (non exhaustive)

AMATEURS DE CIRQUE

Henry Thétard, Les Dompteurs ou la Ménagerie des origines à nos jours, Paris, Gallimard, 1928.

Henry Thétard, Coulisses et secrets du Cirque, Paris, Plon, 1934.

Tristan Rémy, Les Clowns [1945], Cours-la-Ville, Grasset, 2002.

Serge, Histoire du cirque, Paris, Librairie Gründ, 1947.

Henry Thétard, La Merveilleuse histoire du cirque [1948], Ville-la-Grand, Julliard. 1978.

Tristan Rémy, Le cirque et ses étoiles, Bruxelles (Belgique), Artis, 1949.

Tristan Rémy, Petite histoire du cirque, Gand (Belgique), De Vlam, 1950.

Paul Adrian, Histoire illustrée des cirques parisiens d'hier et d'aujourd'hui, Paris, éditions Adrian, 1957.

Paul Adrian, Sur les chemins des grands cirques voyageurs, Paris, éditions Adrian, 1959.

Tristan Rémy, Entrées de clowns [1962], Paris, L'Arche, 1997.

Paul Adrian, Le cirque commence à cheval [1968], Paris, éditions Adrian, 1979.

Roland Auguet, Histoire et légende du cirque, Paris, éditions Flammarion, 1974.

Monica Renevey (dir.), Le grand livre du cirque, Paris, Bibliothèque des Arts, 1977.

Dominique Jando, Histoire mondiale du cirque, Paris, Delarge, 1977.

Alain Poulin, Ainsi naquit le cirque, Tours, Sutton,1978.

Marie-Claire Demarchelier et Marie Sandrin, La Merveilleuse Aventure du Cirque, Reader's digest, 1999.

Pascal Jacob, La Grande Parade du cirque [1992] + réédition (augmentée par le chapitre « le Nouveau Cirque ») : Le Cirque, un art à la croisée des chemins, Paris, Gallimard, « Découvertes Gallimard / Culture et société » (n° 134), 2001.

Pascal Jacob, Le Cirque regards sur les arts de la piste du XVIe siècle à nos jours, Paris, Éd. Plume, 1996.

Pascal Jacob, Le Cirque : Du théâtre équestre aux arts de la piste, Paris, Larousse, « Comprendre et reconnaître », 2002.

Pascal Jacob, La Fabuleuse Histoire du cirque, Paris, éditions du Chêne, 2002.

Pascal Jacob, Cirque et compagnies, Paris, Éditions Actes Sud, 2009.

Pascal Jacob, Les Métiers du cirque, histoire et patrimoine, Portet-sur-Garonne, Nouvelles Éditions Loubatières, 2013.

Pascal Jacob, Une histoire du Cirque, Paris, Seuil/BnF Éditions, 2016.

Dominique Denis, Philip Astley, La naissance du cirque, Aulnay-sous-Bois, Arts des 2 mondes, 2018.

CHERCHEURS SUR LE CIRQUE

Martine Maleval, L’Émergence du nouveau cirque (1968-1998), Paris, L’Harmattan, « Logiques Sociales », 2010.

Caroline Hodak, Du théâtre équestre au cirque ; la cheval au cœur des savoirs et des loisirs, 1760-1860, Belin éditeur, 2018.

Natalie Petiteau, Les Bâtisseurs de l’éphémère. Histoire de la compagnie Alexis Gruss, des origines à nos jours, Nîmes, Print Team, 2018.

Paul Bouissac, The End of the Circus, Bloomsbury Academic, 2021.

 

Bibliographie

Bulletin des bibliothèques de France, [consulté le 21/10/2021], https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1960-05-0136-009.

Département des Arts du spectacle, inventaires détaillés, fonds d’archives, Fonds Adrian, Paul (cirque), [consulté le 21/10/2021] https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc58866t.

Henry Thétard, « Dompteur indomptable », notice du dessin avec dédicace de Louis Bouet (1932), Encyclopédie des arts du cirque, BnF et CNAC, [consultée le 21/10/2021] http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_2039.htm.

Amaury, Francine, Histoire du plus grand quotidien de la IIIe République. Le Petit Parisien (1876-1944), Paris, Presses universitaires de France, 1972, deux volumes.

Ambroise, Jean-Charles, « Entre littérature prolétarienne et réalisme socialiste : le parcours de Tristan Rémy », Sociétés & Représentations n° 15,  Éditions de la Sorbonne, 2003/1, p. 39-63, [consulté le 21/10/2021] https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2003-1-page-39.htm.

Bonaudo, Krizia , « Hybridations entre cirque et théâtre au début du XXe siècle en France », thèse de doctorat, Littératures Françaises comparées, Université de Montpellier 3 et Università degli studi (Turin, Italie), 2017. 

Camborde, Jean-Philippe, « Le cirque : une voie ouverte à la recherche historique », Recherches contemporaines, n° 3, 1995-1996, p. 255-264.

Delannoy, J.-C., Bibliographie française du cirque, Paris : Odette Lieutier, 1944.

Garcia, Joëlle et Philippe Henwood, « Le cirque commence à cheval : les archives de Paul Adrian au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France », In Situ n°27, 2015, [consulté le 21/10/2021] http://journals.openedition.org/insitu/11906.

Hodak, Caroline, Du théâtre équestre au cirque ; la cheval au cœur des savoirs et des loisirs, 1760-1860, Belin éditeur, 2018.

Maleval, Martine, L’Émergence du nouveau cirque (1968-1998), Paris, L’Harmattan, « Logiques Sociales », 2010.

Serge, Histoire du cirque, Paris, Librairie Gründ, 1947.

Thétard, Henry, La Merveilleuse histoire du cirque [1948], Ville-la-Grand, Julliard. 1978.

Villa, Quentin, « Le cirque français dans l’entre-deux-guerres : entre innovation, culture de masse et imaginaire colonial », mémoire de master, Histoire (HISS), Université Rennes 2, 2021, ffdumas-03346336f.

 

 

[1] Krizia Bonaudo, « Hybridations entre cirque et théâtre au début du XXe siècle en France », thèse de doctorat, Littératures Françaises comparées, Université de Montpellier 3 et Università degli studi (Turin, Italie), 2017, p. 174. 

[2] J.-C. Delannoy, Bibliographie française du cirque, Paris, Odette Lieutier, 1944.

[3] Nous proposons en fin d’article une bibliographie chronologique non exhaustive des écrits français sur l’histoire du cirque, afin que le lecteur puisse apprécier la place de pionniers prolifiques des trois auteurs sur lesquels nous nous penchons.

[4] Quentin Villa, « Le cirque français dans l’entre-deux-guerres : entre innovation, culture de masse et imaginaire colonial », mémoire de master, Histoire (HISS), Université Rennes 2, 2021, ffdumas-03346336f, p. 3.

[5] Le lecteur pourra se référer à la bibliographie en fin d’article pour découvrir des ouvrages de chercheurs français en histoire du cirque publiés depuis les années 2010.

[6] Serge, Histoire du cirque, Paris, Librairie Gründ, 1947, p. 3.

[7] Ibid., p. 12.

[8] Ibid., p. 13.

[9] Ibid., p. 15.

[10] Ibid., p. 24.

[11] Ibid., p. 25.

[12] Ibid.

[13] Ibid., p. 239.

[14] Henry Thétard, La Merveilleuse histoire du cirque [1948], Ville-la-Grand, Julliard, 1978, p. 11.

[15] Les publications de Pascal Jacob peuvent être décrites comme ne répondant pas à un protocole de recherche scientifique. Cependant, il est bien un professionnel du cirque (il monte des spectacles), et il exerce des activités universitaires dans le sens où il enseigne l’histoire du cirque, a commencé une thèse (inachevée, non soutenue), et a participé à de nombreux colloques universitaires.

[16] Quentin Villa, Le Cirque français dans l’entre-deux-guerres, op. cit. p. 7.

[17] Alain Frère, docteur de sa profession, imagine et inaugure le musée du Cirque à partir de sa collection privée en 2013. On peut retrouver son impressionnante collection présentée sur le site internet du musée, https://www.museeducirquealainfrere.com/.

[18] Paul Adrian, Le cirque commence à cheval, Paris, éditions Adrian, 1968.

[19]Caroline Hodak, Du Théâtre équestre au cirque ; le cheval au cœur des savoirs et des loisirs
1760-1860
, Paris, Belin éditeur, 2018.

[20] Quentin Villa, Le cirque français dans l’entre-deux-guerres, op. cit. p. 4.

[21] Henry Thétard, « Dompteur indomptable », notice du dessin avec dédicace de Louis Bouet (1932), Encyclopédie des arts du cirque, BnF et CNAC, [consultée le 21/10/2021] http://expositions.bnf.fr/cnac/grand/cir_2039.htm.

[22] Quentin Villa, Le Cirque français dans l’entre-deux-guerres, op. cit. p. 4.

[23] Francine Amaury, Histoire du plus grand quotidien de la IIIe République. Le Petit Parisien (1876-1944), 2 vol., Paris, Presses universitaires de France, 1972.

[24] Le Club du Cirque, Son Histoire, [consultée le 21/10/2021] http://leclubducirque.com/le-club-du-cirque/.

[25] Quentin Villa, Le cirque français dans l’entre-deux-guerres, op. cit. p. 5.

[26] Jean-Charles Ambroise, « Entre littérature prolétarienne et réalisme socialiste : le parcours de Tristan Rémy », Sociétés & Représentations, n° 15, 2003/1, p. 39-63. En ligne [consulté le 21/10/2021] : https://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2003-1-page-39.htm, §46.

[27] Ibid., §56.

[28] Le music-hall est l’héritier des cafés-concerts, qui ont marqué la culture populaire et prolétaire. Aussi, Tristan Rémy considère que le music-hall et le cirque, issus de la rue, sont des arts de la culture prolétaire, malgré l’attrait qu’ils constituent pour la bourgeoisie de l’époque.

[29] Jean-Philippe Camborde, « Le cirque : une voie ouverte à la recherche historique », Recherches contemporaines, n° 3, 1995-1996, p. 255-264.

[30] Tristan Rémy, Les Clowns [1945], Cours-la-Ville, Grasset, 2002.

[31] Tristan Rémy, Petite histoire du cirque, Gand (Belgique), De Vlam, 1950.

[32] Tristan Rémy, Entrées de clowns [1962], Paris, L'Arche, 1997.

[33] Caroline Hodak, Du Théâtre équestre au cirque ; le cheval au cœur des savoirs et des loisirs, 1760-1860, op. cit.

[34] Bulletin des bibliothèques de France, [consulté le 21/10/2021], https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1960-05-0136-009.

[35] Bibliothèque nationale de France, notice Tristan Rémy, [consulté le 21/10/2021] https://data.bnf.fr/12769311/tristan_remy/.

[36] Joëlle Garcia et Philippe Henwood, « Le cirque commence à cheval : les archives de Paul Adrian au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France », In Situ n°27, 2015, [consulté le 21/10/2021] http://journals.openedition.org/insitu/11906, §25.

[37] Maître écuyer formé par son père et son oncle, il est reconnu internationalement. Il crée le Cirque à l’ancienne et cofonde d’une des premières écoles de cirque en France avec Silvia Montfort en 1974, le Carré Montfort. En 2001, il reçoit la distinction ultime du Festival international de cirque de Monte Carlo, le Clown d’or.

[38] Joëlle Garcia et Philippe Henwood, « Le cirque commence à cheval », op. cit., §26.

[39] Ibid., §27.

[40] On peut retrouver les détails du Fonds Adrian sur le site de la Bibliothèque nationale de France, Département des Arts du spectacle, inventaires détaillés, fonds d’archives, Fonds Adrian, Paul (cirque), [consulté le 21/10/2021] https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ark:/12148/cc58866t.

[41] Joëlle Garcia et Philippe Henwood, « Le cirque commence à cheval », op. cit., §13.

[42] Quentin Villa, Le cirque français dans l’entre-deux-guerres, op. cit. p. 6.

[43] Joëlle Garcia et Philippe Henwood, « Le cirque commence à cheval », op. cit., §36.

[44] Ibid., §35.

[45] Martine Maleval, L’Émergence du nouveau cirque (1968-1998), Paris, L’Harmattan, « Logiques Sociales », 2010, p. 52.

[46] À ce sujet, voir les actes (à paraître) du colloque Écrire l’histoire du cirque, du 7 et 8 octobre 2021, coorganisé par l’université Paul-Valéry Montpellier 3 (RiRRa21) et l’Université Libre de Bruxelles (CiASp).

Site Drupal adapté par Pierre-Carl Langlais.

ISSN  2534-6431