Trois familles transformistes : identités ethnoraciales, régionales et nationales dans le concours Miss Gay Internacional by Theatron

Paul Forigua Cruz

24/02/2021

Plan de l'article :

Les casas de reinas : des liens sociaux, économiques et artistiques

Régions et ethnicités 

Régionalisme et compétitivité : les Cadavid
Afrodescendance et exotisation : les Palmers

Beautés, migrations et transformations

La naissance d’une casa migrante
Interactions, à l’intérieur et l’extérieur de la casa
Une casa « à la vénézuélienne » 


     À mon arrivée à l’EHESS en 2016, j’ai rencontré des étudiants latino-américains intéressés, comme moi, par les problématiques des sexualités et des genres. Parmi eux, je me suis lié d’amitié avec un colombien qui m’avait trouvé un surnom : « Ça y est ! Comme tu viens du Venezuela, le pays des reines, je vais t’appeler Reina Carolina ! » Je n’ai pas tout de suite compris la blague, qu’il a dû m’expliquer : « Reina Carolina, tu vois ? Comme le personnage de Casa de Reinas. » L’intrigue de cette télénovela, retransmise en Colombie entre 2012 et 2013, se fonde sur la rivalité entre deux agences de préparation de miss, dans le contexte de la région caraïbe colombienne. Reina Carolina, elle est un personnage de la télénovela qui travaille au sein d’une de ces agences1
. Quelques mois plus tard, sur une vidéo YouTube retransmettant l’édition 2015 du concours Miss Gay Internacional, les commentaires de deux spectateurs virtuels2
ont attiré mon attention :

Wilson Espinosa : Pourquoi y a-t-il autant de candidates avec le nom de famille Cadavid ? […]
Johan Fergusson : Toutes portent le nom de famille Cadavid… elles sont une famille, ou quoi3
?

     Effectivement, quatre participantes portent ce nom cette année-là. Je comprends la récurrence de ce nom plus tard, lors d’un terrain de recherche à Bogota réalisé en 2018, durant lequel je me familiarise avec la casa de reinas en tant qu’institution propre aux concours de beauté en Colombie.
    Il est nécessaire de préciser les différentes significations de l’expression casa de reinas dans ce pays. L’expression, appliquée aux agences spécialisées dans la préparation de miss cisgenres4
, est également utilisée en rapport à certaines maisons closes5
. Elle désigne aussi des groupes de personnes assignées au genre masculin au moment de leur naissance (s’autodéfinissant comme hommes gays ou femmes trans), lesquelles pratiquent le transformisme dans le cadre de spectacles, compétitions de talent ou concours de beauté. La présente étude porte uniquement sur la dernière acception de l’expression, celle qui correspond au concours de beauté transformiste : elle se concentre sur les casas de reinas en tant que groupes.
     Avec des caractéristiques similaires à celles des familles, entreprises et troupes, ces groupes fonctionnent avec des rapports de parenté établis à partir du transformisme en tant que pratique. Dans le même temps, la généalogie de ces groupes permet de visualiser des oppositions d’ordre sociopolitique, caractéristiques des populations LGBT latino-américaines, ainsi que certaines de leurs stratégies de vie et de survie. Bien que le phénomène des casas de reinas soit présent dans tout le pays, chacun des groupements présente des caractéristiques particulières. Après avoir défini ces particularités, on peut se demander comment elles influencent les interactions entre diverses casas. Dans le contexte des récentes migrations vénézuéliennes vers la Colombie6
, les casas de reinas sont-elles devenues des structures fermées sur elles-mêmes ? Ou bien sont-elles des formes sociales propices aux échanges entre populations locales et étrangères ?
     La notion de casa de reinas sera d’abord abordée en la comparant avec les houses de la ball culture nord-américaine. Ensuite, il sera question des rapports de pouvoir que l’événement met en lumière entre deux casas en particulier, en matière d’appartenance régionale et de catégorisation ethnoraciale. Enfin, sera développée une dernière étude de cas : la casa de reinas « Willy Meleán », composée majoritairement par des personnes vénézuéliennes ayant migré vers la Colombie.

Les casas de reinas : des liens sociaux, économiques et artistiques

     Selon le site web ABC del Arte Drag y Transformista7
, l’existence des concours de beauté transformistes en Colombie est avérée depuis la fin des années 19708
. Entre cette décennie et le début du XXIe siècle, l’initiation au transformisme scénique semble configurée par des rapports « mère-fille » entre artistes confirmés et débutants. La structuration sociale de ce processus au sein des casas de reinas constitue un phénomène plus récent. Voici la définition proposée par le site web en question :

Casas de reinas : espaces qui offrent divers services de préparation aux artistes transformistes, particulièrement destinés aux participants dans des concours de beauté. Parmi ces services il y a la location de perruques, chaussures à talons et vêtements, ainsi que le maquillage professionnel ou la formation en expression orale et corporelle […]. Ces services sont offerts sur une base rémunérée ; cependant, dans certains cas les casas fournissent leurs services en échange de la représentation de la casa par l’artiste. Ainsi, le nombre de couronnes gagnées augmente les prestiges respectifs de l’artiste et de la casa9
.

     Cette définition implique une fonction économique, similaire à celle des casas destinées aux miss cisgenres : elles rassemblent des professionnels dans des métiers liés aux soins esthétiques (maquillage, coiffure, couture, etc.), spécialisés dans la préparation des candidates aux concours de beauté, indépendamment de leur genre ou leur orientation sexuelle. À ce sujet, Ramon Guevara, créateur de la casa de reinas « Linda Lucia Callejas » à Bogota, déclare : « Pour avoir recours à nos services, il n’est pas nécessaire d’être gay ou homosexuel… Nous avons beaucoup de clients qui, tout en étant hétérosexuels, se font préparer chez nous, parfois juste pour réaliser un fantasme ou bien pour se prendre en photo10
… ».
     Toutefois, l’usage des termes « gay » et « homosexuel » permet d’identifier une deuxième fonction des casas de reinas, cette fois d’ordre communautaire : bien que ces clients puissent avoir des orientations sexuelles diverses, la plupart des membres de ces maisons s’identifient en tant que personnes LGBT11
. Cette appartenance identitaire renvoie à deux propositions théoriques dans lesquelles l’orientation homosexuelle est liée aux métiers artistiques : d’abord les « aristocrates du goût » que, selon Susan Sontag, constituent quelques populations homosexuelles depuis la deuxième moitié du XXe siècle12
, et puis la « sensibilité », « lucidité » et « distanciation » appliquées par les hommes homosexuels à l’heure de choisir leurs professions, d’après Michael Pollack13
.
     Au-delà d’une appartenance communautaire LGBT au sens large, l’utilisation de la figure sociale de la famille complexifie les rapports « mère-fille » existant dans les casas de reinas. Dans la thèse de Border Line sur les performances transgenres à Medellín, il est question de « maisons », « écoles » ou « fraternités14
 » ; par ailleurs, la thèse de Zambrano Cruz sur le mouvement drag à Bogota mobilise des termes comme « dynasties » ou « familles15
». Enfin, la fonction familiale de ces groupes est exposée dans l’ouvrage de Mojito et Aguirre consacré à la casa Crawford de Bogota :

Les Crawford ne prétendent pas être une famille légalement reconnue, ce n’est pas leur combat, il n’y a pas de mère et de père homosexuels et mariés, dans une réplique des structures soutenant le patriarcat. Il y a des mères, grands-mères, fils, filles et petites-filles qui assurent, volontairement et avec affection, la prolongation de la lignée16
.

     Cette description présente des similitudes avec un autre phénomène : le système des houses dans la ball culture nord-américaine 17
. Dans le documentaire Paris is burning (Livingston, 1990) sur la ball culture new-yorkaise, Dorian Corey, mère créatrice de la House of Corey, propose une première définition des houses :

Ce sont des familles… on peut dire ça. Ce sont des familles, pour beaucoup de jeunes qui n’en ont pas une. Mais c’est un nouveau type de famille […]. Ce n’était pas l’idée d’un homme et d’une femme avec des enfants, avec laquelle nous avons grandi. Il s’agit d’un groupe d’êtres humains avec un lien mutuel18
.

Corey complète ensuite la définition proposée initialement, introduisant deux fonctions des houses intimement liées : les aspects ludique et artistique.

Je vais vous dire ce qu’est une house. Une house est un gang urbain gay. Si les gangs urbains tirent leurs récompenses des combats dans la rue, les membres d’une house gay se battent pour gagner dans les balls. Et leur façon de concourir est défilant dans les différentes catégories des balls. Les houses ont été créées par le besoin de se faire un nom19
.

     Divers chercheurs en sciences sociales ont fait référence à l’importance de la compétitivité dans différentes formes de jeux20
. Cette caractéristique se retrouve dans la ball culture ainsi que dans le transformisme colombien. Dans les deux cas, la compétition entre individus se voit renforcée par l’appartenance des candidats à diverses maisons en concurrence :

Après que les Cadavid ont commencé à participer, le concours est devenu une compétition entre les casas, non ? Genre : « J’amène ma fille pour la faire gagner, et l’autre amène sa fille pour faire gagner les Cadavid, et les Callejas aussi, elles vont parier pour l’une d’entre elles21
… »

La construction des renommées évoquée par Corey et Miranda est indissociable de la notion de performance artistique. Dans le documentaire de Livingstone, le danseur Willy Ninja, créateur de la House of Ninja, propose une définition des mères des houses reliée à la compétitivité dans les balls :

Je suis la mère de la House of Ninja car les gens disent que je suis le meilleur danseur. Pour être mère d’une house, il faut avoir le plus de pouvoir. Prenez une vraie famille : c’est la mère qui travaille le plus et c’est elle qui reçoit le plus de respect. Voici l’origine du nom de ma house : les ninjas frappent fort et rapidement. Ils sont des assassins invisibles, et c’est ce que nous sommes : nous sortons [aux balls] pour assassiner22
.

Ainsi, en plus des fonctions sociales exposées dans le documentaire (famille de substitution, support affectif et économique, etc.), Ninja évoque une compétitivité artistique à l’extérieur et à l’intérieur des houses, que l’on pourrait comparer à celle identifiée par Border Line dans la casa de la Vega, à Medellín :

Dans cette maison, on ne sait pas très bien qui assume le rôle de mère. Bien que cela puisse être Nicole Slen en raison de son talent artistique, cela pourrait aussi être Daneska Smith de la Vega grâce à ses victoires dans des concours de beauté aux niveaux municipal, national et international23
.

Cette opposition entre beauté et autres compétences scéniques reviendra tout au long de cet article : à travers le Miss Gay Internacional, il est possible de comparer diverses façons d’aborder la pratique du transformisme. Dans la section suivante, j’aborderai les relations entre deux casas de reinas locales à partir de deux facteurs sociaux en particulier.

 

Régions et ethnicités 

     Créé par les producteurs du Theatron de Película, local nocturne installé à Bogota depuis 2002 24
, le concours Miss Gay Internacional est considéré comme l’une des compétitions transformistes les plus importantes de la Colombie. Ayant été créé au début du XXIe siècle, cet événement s’installe dans un milieu LGBT où les casas existaient déjà en tant que structures sociales.
     Actuellement, une partie des nouvelles générations intéressées dans le travestissement ont tendance à percevoir le transformisme local comme un phénomène désuet, en comparaison avec la pratique du drag queen « à l’américaine », devenue tendance sur la scène globale depuis le succès du télé-crochet RuPaul’s Drag Race 25
. Par exemple, l’ABC del Arte Drag y Transformista recense à peine quatre casas de reinas dans tout le pays, contre douze collectifs drag26
. En revanche, en entretien Miranda a fait référence à l’existence d’entre treize et quinze casas de reinas, et cela seulement à Bogota27
. Comme premier échantillon, voyons un commentaire publié sur Facebook, dans lequel il est question de l’édition 2014 de l’événement :

Bientôt aura lieu la meilleure compétition transformiste de Colombie, le Miss Gay Internacional, et depuis longtemps ses concurrentes préparent leurs meilleures cartes de jeu dans une édition qui sera très compétitive, d’un très bon niveau. Nous aurons l’opportunité de voir des transformistes reconnus de toute la Colombie… D’abord les Cadavid Belleza Colombiana, le nom de famille le plus couronné (neuf gagnantes, dont quatre successivement), qui viennent parrainées par leur mère, Carlos Mario Miranda […]. Ensuite il y a les Castillo, menées par Esneider [García], mieux connue sous le nom de Linda Carolina [del Castillo], qui fait toujours des efforts pour présenter ses filles de manière impeccable […]. Du côté de la capitale, la plupart des filles demandent les conseils de l’une des meilleures transformistes de Colombie, Linda Lucia Callejas, qui réalise toujours du bon travail pour elles. Nous espérons compter également avec la participation de nouvelles maisons transformistes, telles que la maison d’Enrique Saieh sur la côte atlantique, les Richardi del Valle [del Cauca] et les Palmers del Chocó, qui ont également joué un bon rôle [dans le concours] 28
.

Ainsi, cette publication de 2014 fait référence à six casas, distribuées dans cinq villes de Colombie. Après des enquêtes en ligne et des travaux de terrain, réalisés entre 2018 et 2020, j’ai pu identifier douze autres casas, signalées dans l’image suivante :

Noms des casas de reinas identifiées durant les enquêtes en ligne et sur le terrain
(en gras, les six
casas citées dans l’article publié sur Facebook). Source : Réalisation personnelle.

     L’analyse de deux de ces casas va permettre d’explorer les thématiques des appartenances régionales et les catégorisations ethnoraciales parmi les populations LGBT locales.

Régionalisme et compétitivité : les Cadavid

     L’histoire du Miss Gay Internacional peut être divisée en trois périodes : d’abord, trois éditions initiales caractérisées par la participation majoritaire d’artistes de Bogota (2000-2003). Ensuite, il y a eu dix éditions montrant une ouverture de l’événement au niveau national, avec la participation de transformistes de diverses régions du pays (2004-2014). Et enfin, au cours des cinq dernières éditions, l’événement a également accueilli des participantes d’autres pays d’Amérique latine (2015-2020).
Durant la deuxième étape, la présence d’artistes et casas en provenance du département d’Antioquia (et plus précisément de son chef-lieu, la ville de Medellín), devient déterminante : Border Line fait référence aux familles Castillo et Vega comme les maisons les plus reconnues au niveau local, citant les Cadavid comme « les précurseurs du transformisme à Medellín 29
 ». De son côté, Miranda insiste sur l’importance historique des Cadavid et de leur mère, Carlos Mario Miranda30
 :

À Medellín, il y a deux maisons très puissantes, les Cadavid et les Castillo… la mère des Cadavid est Carlos Mario Miranda, qui est un designer et artiste transformiste ayant participé aussi, à un moment donné, au Miss Gay […]. Eh bien, il faut le dire : à un moment donné la situation est devenue ennuyeuse pour les autres participantes, en rapport aux Cadavid… Nous nous disions : « Bon, si je ne suis pas paisa, alors je n’ai aucune chance de gagner 31
… »

     L’utilisation du mot paisa est révélatrice. Ce terme populaire colombien, utilisé en rapport à la région d’Antioquia et ses alentours32
, fait référence également à ses habitants, censés posséder une série de caractéristiques particulières : talent en tant qu’entrepreneurs, ferveur religieuse, fierté régionaliste exacerbée, etc. Cet ensemble de traits sociologiques a été étudié par des chercheuses comme Londoño Vega, qui parle d’un « sens de l’identité surdimensionné 33
 ». Dans le cas du Miss Gay Internacional, Miranda fait mention de quelques particularités propres aux candidates en provenance de Medellín, qui font écho aux caractéristiques paisas énumérées auparavant : forte personnalité, grande confiance en soi, un certain type de beauté (marquée par la jeunesse et l’androgynie), ainsi que l’accent caractéristique de leur région :

À l’époque, dès que le public écoutait l’accent d’une des candidates : « Salut, je m’appelle Untelle Cadavid… », la foule était en délire, juste parce que c’était une fille paisa. À vrai dire, il s’agissait aussi de cette admiration que les gens ressentent pour la beauté, autant masculine que féminine, des personnes d’Antioquia34

Jusqu’en 2014, l’hégémonie paisa dans ce concours semblait une évidence pour les spectateurs, notamment ceux de la région d’Antioquia. En témoigne ce commentaire publié sur Facebook après le couronnement de Maria Antonia Cadavid, gagnante de l’édition 2013 :

Ambrosia Flores : Ça ne pouvait pas être une autre… toutes les félicitations du monde pour ma belle Maria [Antonia] Cadavid… À nouveau Medellín, ainsi que Les Cadavid Belleza Colombiana, sont là pour confirmer que nous, les paisas, nous sommes les plus belles de Colombie35
.

En termes statistiques, parmi les éditions du concours visionnables sur Internet, la casa Cadavid serait la maison ayant préparé le plus de candidates durant toute l’histoire de la compétition (25 participantes, contre 13 de la maison Callejas à Bogota, ou 11 de la maison Castillo à Medellín). Enfin, il est intéressant de constater que certaines gagnantes du concours ont été préparées par cette casa, sans avoir forcément porté le nom Cadavid : c’était le cas de Danna Sultana en 2005, Carolina Castro en 2006, Karoll Barreneche en 2007 ou Yathal Kaory Palmers en 2012. Le cas de cette dernière gagnante mène à l’étude d’une autre maison, caractérisée pour une double appartenance, régionale et ethnoraciale : la casa Palmers, installée au Chocó. Ce département, dont la population est à 70 % afrodescendante, est également considéré comme l’une des régions économiquement les plus fragiles de Colombie36
.

(à gauche) Luisa María Cadavid (Carlos Mario Miranda), mère de la famille Cadavid (source : Facebook)
(à droite) Département d’Antioquia sur la carte de Colombie (Wikimedia Commons  CC BY-SA 3.0)

Afrodescendance et exotisation : les Palmers

     L’élection de Yathal Kaory Palmers comme Miss Gay Internacional 2012 constitue une exception à certaines conventions implicites dans les concours de beauté colombiens. Cette candidate a pris un risque calculé en participant le crâne rasé, sans perruque. Toutefois, son couronnement ne fait pas l’unanimité parmi les spectateurs de la compétition, habitués à une présentation de soi où les cheveux longs constituent un élément fondamental :

Christopher Orozco : Désolé, mais l’actuelle Miss Gay ne ressemble pas à ce que les Cadavid représentent. […] Eh bon… ce n’est pas le fait qu’elle soit noire ou moche… mais elle est trop sûre d’elle, alors qu’elle a gagné habillée comme un homme chauve, noir et en jupe. Et cela n’est pas du transfor­misme37

 Ce commentaire coïncide avec les travaux de Stanfield sur les concours de beauté en Colombie : selon cet historien, pour une certaine partie de la population colombienne, les femmes noires ne seraient pas considérées comme légitimes pour représenter la beauté féminine du pays38
. En même temps, la présence des participantes afrodescendantes constitue un atout pour les compétitions de beauté nationales, qu’elles soient destinées aux femmes cisgenre ou aux personnes LGBT : rarement gagnantes, ces candidates représentent un gage de diversité ethnique pour ces concours. Voici un extrait d’un article journalistique écrit depuis les coulisses de la compétition durant l’édition 2016 du Miss Gay Internacional :

Cette candidate [María Victoria Cadavid], originaire de Buenaventura [ville du département du Valle del Cauca] avait décidé de représenter la Tanzanie. C’était curieux de la voir, avec trois autres candidats afros, représenter des endroits aussi éloignés et exotiques que la Zambie, le Kenya et l’Angola […]. Cinthia Catalina Palmers Cadavid s’est travesti pour la première fois en 2011. Danseur depuis l’âge de huit ans, il adore monter sur scène. Son discours […] exige la reconnaissance du Chocó [son département d’origine] et le respect envers la communauté LGBTI. Peut-être que ce désir de rendre visibles les personnes vulnérables aurait motivé son souhait de représenter un endroit aussi éloigné que la Zambie39
.

L’usage des mots « curieux », « éloignés » et « exotiques » est éloquent : il met en évidence la distance du journaliste par rapport aux cultures afrodescendantes. Par ailleurs, le texte cité met également en lumière deux caractéristiques du Miss Gay Internacional : le caractère fictionnel des représentations nationales, ainsi que le caractère bien réel des identités ethnoraciales dans l’événement. En principe, comme dans d’autres concours de beauté LGBT, la dénomination « internationale » du concours servait juste à nourrir la fiction scénique : entre 2000 et 2014, la plupart des candidates étaient des artistes colombiens et la répartition des écharpes nationales était tirée au sort. Cette répartition peut, ensuite, être renégociée entre les candidates pour des raisons diverses, y compris les catégorisations ethnoraciales. Un exemple est l’assignation de l’écharpe d’Angola durant l’édition de 2016 du concours, originalement attribuée à Daxon Prato, un candidat vénézuélien à la peau blanche :

Enfin, nous avons tout changé : j’ai parlé avec celle qui avait reçu l’écharpe des États-Unis (une mulâtresse, qui a été élue première dauphine). Comme ça, je suis devenue les États-Unis et elle est devenue l’Angola40

Après avoir visionné la vidéo de cette édition du concours, il est possible aussi d’identifier les appartenances régionales et « familiales » des quatre candidates afro-colombiennes : une candidate originaire du Chocó, une autre originaire du Valle del Cauca, et deux en provenance d’Antioquia. Quant à l’affiliation aux casas de reinas, trois participantes ont été adoptées par des maisons paisas (deux filles de la Vega et une fille Cadavid), et une seule arborait le nom Palmers.

     Avant d’étudier en détail cette famille (Palmers), il faut prendre connaissance des travaux réalisés par Khittel dans le Chocó41
 : cet anthropologue a étudié les parcours de vie d’un groupe d’hommes gays noirs à Quibdó, travaillant dans des métiers liés au spectacle et à l’esthétique corporelle. Malgré les discriminations quotidiennes, ces métiers permettent à ces hommes une relative légitimation sociale : ils deviennent les « principaux médiateurs entre la réalité du Chocó et les aspirations nationales et mondiales inhérentes aux concours de beauté 42
 ». Un événement décrit par Khittel est particulièrement intéressant dans notre perspective : à la fin des années 1990, il est témoin de la réalisation d’un concours de beauté LGBT dans le Chocó, le Miss Africa World-Gay Transformista. Il remarque d’abord que les sept participants ont choisi de représenter des pays africains, ce qui coïncide avec certains pays représentés durant le Miss Gay Internacional 201643
. Ensuite, un des animateurs utilise le nom artistique de Dorothy Palmers, devenant la référence la plus ancienne à la famille Palmers trouvée durant ma recherche. Enfin, il y a eu deux références à la ville de Medellín durant la cérémonie : l’annonce du décès de la gagnante de l’édition 1997 du concours (assassinée dans cette ville) et la destination des fonds obtenus grâce à l’événement (une maison de repos destinée à des patients atteints du VIH-SIDA, également située à Medellín).

     Selon Khittel, ce soutien économique inverse la domination exercée par la « culture blanche hétérosexuelle paisa 44
 » sur les hommes gays noirs originaires du Chocó. Dans le contexte du concours étudié, ces rapports de pouvoir entre régions renvoient à la presque absence de la casa Palmers dans le Miss Gay Internacional : entre 2012 et 2020, à peine quatre participantes arborent ce nom 45
. En revanche, il semble significatif que les deux gagnantes afrodescendantes de la compétition aient été adoptées par la casa Cadavid de Medellín (Maria Angel Cadavid en 2010, et Yathal Kaory Palmers en 2012). Ainsi, le « paternalisme paisa 46
 » évoqué par Khittel semble bien présent dans la participation afrodescendante du concours. Comme exemple final, voici le double engagement implicite dans le discours de Yathal Kaory, juste avant de rendre sa couronne en 2013 :

Je remercie Carlos Mario Miranda pour son soutien inconditionnel, ainsi que pour m’avoir reliée à l’une des meilleures maisons transformistes de Colombie : les Cadavid […]. Aujourd’hui je rends ma couronne, fière d’être la deuxième transformiste afrodescendante qui, depuis le Chocó, est venue représenter la communauté LGBTI 47
.

(à gauche) Yathal Kaory Palmers Cadavid (Cristian Fenty), Miss Gay Internacional 2012 (source Facebook)
(à droite) Département du Chocó sur la carte de Colombie. (Wikimedias Commons CC BY-SA 3.0)

       Après avoir évoqué les casas Cadavid et Palmer, notre troisième étude de cas porte sur la casa de reinas « Willy Meleán », une maison étrangère (vénézuélienne) implantée à Bogota. Trois antécédents historiques sont importants pour le contexte de cette installation : les circulations migratoires entre la Colombie et le Venezuela, la participation de ces pays dans les concours de beauté en général et la présence vénézuélienne dans le Miss Gay Internacional.

Beautés, migrations et transformations

     Liés depuis leur création historique par de multiples rapports politiques, économiques et culturels, la Colombie et le Venezuela sont associés également par des flux migratoires variables. À partir des années 1960 jusqu’à aujourd’hui, un conflit armé oppose l’armée nationale colombienne à diverses guérillas, forces paramilitaires et cartels narcotrafiquants. Cette situation de violence générale poussera une partie des populations colombiennes à partir vers des pays comme le Venezuela. Plus tard, à partir des années 2000, on observera l’inversion de ce courant migratoire : de nombreuses personnes quittent le Venezuela à cause de la crise économique, sanitaire et sécuritaire que ce pays traverse depuis 2014, la Colombie étant une destination privilégiée à cause de sa proximité géographique.
     De nombreux habitants des deux pays partagent une passion commune pour les concours de beauté, décrite par Stanfield 48
et Montaldo Pérez 49
. Toutefois, à partir des années 1980, l’organisation Miss Venezuela devient une référence globale dans les compétitions de beauté internationales, réussissant à obtenir « sept couronnes de Miss Univers, six de Miss Monde et huit de Miss International, en plus d’autres nombreux titres dans des concours d’importance mondiale 50
 ». La croyance dans l’hégémonie esthétique vénézuélienne devient ce que Teresa de Lauretis dénomme un fantasme public 51
pour les fans des concours de beauté au niveau mondial, y compris pour les populations colombo-vénézuéliennes.
     Quant à la participation vénézuélienne dans le Miss Gay Internacional, elle s’intensifie depuis 2015 à cause de trois facteurs : d’abord, l’augmentation progressive des participants en provenance de ce pays (en 2019, neuf des vingt-deux participants étaient vénézuéliens) ; puis, le taux de réussite vénézuélienne durant les cinq dernières éditions (entre 2015 et 2020, quatre des cinq reines gagnantes venaient de ce pays) ; enfin, les interactions parmi les spectateurs du concours : originalement local, le public actuel de la compétition intègre de nombreuses personnes migrantes venant soutenir leurs concitoyens.

La naissance d’une casa migrante 

     Il n’existe pas de forme sociale équivalente aux casas de reinas colombiennes dans le milieu transformiste vénézuélien. Bien qu’il soit possible d’observer l’usage et l’héritage de certains noms de famille, cette pratique n’implique pas une structuration sociale à la manière d’une casa colombienne. Pourtant cette forme sociale est adoptée par un groupe d’artistes vénézuéliens qui pratiquent le transformisme dans des concours LGBT colombiens.
     La naissance de ce groupe peut être estimée à 2014, avec l’arrivée du Willy Meleán en Colombie. Ce coiffeur vénézuélien est vite reconnu par ses collègues colombiens grâce à son travail dans le salon de beauté Norberto (considéré comme l’un des plus prestigieux à Bogota 52
), ainsi que par son statut de coiffeur semi-officiel des reines gagnantes du concours de beauté national colombien 53
. Parallèlement à son travail avec les miss cisgenre, Meleán joue un rôle important dans la participation de certaines artistes ayant gagné le Miss Gay Internacional : en lien avec des organisateurs de concours au Venezuela, Meleán accueille et prête main-forte à au moins cinq candidates vénézuéliennes en Colombie 54
, devenant en même temps le leader d’un réseau d’artistes transformistes, installés de manière plus ou moins stable à Bogota.

Interactions, à l’intérieur et l’extérieur de la casa

     Reconnus grâce au prestige de Meleán, ainsi qu’au succès de certains de ses membres dans les compétitions locales, les membres de cette casa entretiennent des rapports complexes avec les artistes colombiens, avec les transformistes vénézuéliens en dehors de leur casa, ainsi qu’entre eux-mêmes. Face aux artistes colombiens, la situation semble ambivalente ; d’un côté, la Colombienne Miranda affirme : « Bien sûr, aucune des filles qui arrivent du Venezuela ne fait partie de nos casas : elles ont leurs propres stylistes, maquilleurs et couturiers 55
… » Le même phénomène évoqué par le Vénézuélien Argenis González, connu par le nom de scène de Daniela Patricia Olivieri, ressemble autant à de la discrimination qu’à de la victimisation :

Le problème c’est que, à cause de notre nationalité, les couturiers colombiens ne veulent pas nous habiller, et les maquilleurs colombiens ne veulent pas nous maquiller […]. Alors, que pouvons-nous faire ? Nous entraider entre nous-mêmes 56
.

Cette situation semble avoir évolué depuis 2015, comme le montrent les nombreuses collaborations que González/Olivieri entretient avec des institutions et artistes colombiens 57
, ainsi que l’adoption de certains artistes locaux par la casa vénézuélienne. Quant aux autres artistes vénézuéliens installés à Bogota, la casa Meleán se conçoit comme une élite du transformisme national. Elle n’est pas toujours accessible aux autres migrants, comme l’explique encore González :

Dans mon groupe, nous sommes cinq ou six… Il y en a beaucoup d’autres, mais disons que nous sommes, comment dirais-je ?… les mieux produits. D’abord pour le parcours que nous avions déjà suivi au Venezuela, l’expérience que nous apportons du pays, mais aussi pour l’amour des choses bien faites 58
.

     Après avoir interviewé d’autres Vénézuéliens LGBT migrants, j’ai pu identifier au moins quatre facteurs importants à l’heure d’intégrer (ou pas) la casa Meleán. En principe, les liens préexistants au Venezuela semblent fondamentaux. Ensuite, les écarts générationnels peuvent jouer aussi un rôle déterminant. Les rapports de classe constituent également un élément non négligeable. Enfin, tous ces éléments semblent se combiner avec des considérations de type éthique. En parlant des transformistes vénézuéliens devenus de travailleurs sexuels en Colombie, la posture de González est catégorique :

Je ne peux pas raconter une histoire tragique, comme il arrive à d’autres personnes qui ne trouvent pas de travail parce qu’elles n’ont pas de papiers… et qui finissent par travailler comme modèles webcam [sur des sites pornographiques]. Franchement, je n’aurais jamais osé faire ça, à cause de l’éducation que j’ai reçue de mes parents. C’est-à-dire… au lieu de faire ça, j’aurais préféré rester dans mon pays 59
.

     Enfin, les rapports internes dans la casa varient également. La plupart des membres exercent des métiers liés à l’esthétique corporelle : dans ce sens, l’échange de conseils et de recommandations est permanent. D’ailleurs, les fonctions de soutien et entraide sont les premières à être présentées lors des entretiens. Pendant que l’un de ses membres évoque un sentiment de « camaraderie 60
» professionnelle, un autre parle de liens familiaux :

Paul : Donc, pour toi cette casa de reinas va au-delà des concours de beauté ?

Daxon : Oui… actuellement on se perçoit comme une famille61
 …

Sur cette photographie prise en juin 2019 au Theatron de Película,
la quasi-totalité des membres de la casa Meleán. De gauche à droite : Eloy Lamb (Violetta Stanislavski),
Pol Gerard (Valliolet Andreína Cisneros), Alejandro Guevara (María Alejandra Guevara),
Daxon Prato (Mayré Zambrano), Willy Meleán, Argenis González (Daniela Patricia Olivieri)
et Alejandro Barrueta (Alejandra Lezama). (Source Facebook)

     Parallèlement aux dynamiques d’entraide, les confrontations entre membres du groupe sont également fréquentes. Certains interviewés, ayant eu des mésententes au Venezuela, déclarent que leurs expériences migratoires auraient apaisé ce type de précédents. Toutefois, chaque participation d’un membre de la casa dans une compétition semble raviver ce type de frictions. Enfin, pour finir avec la description de cette maison migrante, je vais examiner certaines caractéristiques qui la différencient des casas colombiennes, ainsi que les échanges établis avec un artiste local en particulier.

Une casa « à la vénézuélienne » 

     Contrairement aux maisons colombiennes, la casa Meleán présente des caractéristiques propres aux concours de beauté vénézuéliens. En effet, Meleán ne pratique pas lui-même le transformisme de manière régulière, restant cantonné au rôle de préparateur. En ce sens, il s’inscrit dans une tradition de préparateurs de miss popularisée au Venezuela par Osmel Souza62
, président de l’organisation Miss Venezuela entre 1982 et 2018. Il s’agit souvent d’hommes qui se définissent comme artistes et homosexuels : cette sorte de « patriarcat gay » a dominé les coulisses des compétitions de beauté dans ce pays jusque très récemment 63
. Ce modèle du préparateur s’éloigne de celui de la plupart des maisons colombiennes, où la mère de la casa assure simultanément les tâches de préparatrice, formatrice durant les répétitions et performeuse sur scène.
     Étant donné que la plupart des membres de la casa possèdent un parcours transformiste antérieur à leur expérience migratoire, il n’existe pas le même processus de transmission de savoirs qui caractérise les casas colombiennes. Cela pourrait expliquer pourquoi les artistes de ce groupe conservent leurs noms de scène préexistants. À la différence des membres de casas locales, qui revendiquent continuellement leurs statuts de « mères » et « filles » sur les réseaux sociaux, González livre une expérience différente : face à mes questions sur les origines de la casa vénézuélienne, sa première réponse est : « En fait, il [Meleán] dit que nous sommes ses filles 64
. » D’ailleurs, le fait que la plupart de couronnes et trophées soient conservés par Meleán, dans une vitrine installée chez lui, semble confirmer le modèle du préparateur « à la vénézuélienne » : artisan de la beauté féminine, souvent hors scène, mais considérant les victoires de ses protégées comme les siennes.
     Après avoir évoqué l’adoption de certains artistes colombiens par la casa vénézuélienne, le cas de Camilo Peñaranda, connu sur scène comme Mila dy Mauri 65
, constitue un bon exemple des échanges entre populations locales et étrangères : ayant participé à l’édition 2017 du concours Miss Gay Internacional sans y avoir réalisé une performance mémorable, Peñaranda se rapproche de la casa Meleán afin de se préparer pour une nouvelle édition. Son appartenance au groupe est sujette à controverses : tout en déclarant que Meleán « la considère comme l’une de ses filles 66
 », Peñaranda n’adopte pas le nom de la casa. Après des désaccords avec le groupe, le transformiste colombien décide de se faire préparer par un autre professionnel vénézuélien67
.
     Ce changement de cap sera perçu de manière variable par les membres du groupe vénézuélien : alors que González reste évasif sur le sujet, Prato traite Peñaranda de « cinglée », de « candidat sans aucun niveau » et « n’ayant rien appris avec nous 68
 ». Toutefois, suite à un relooking intensif (comprenant des cours de mannequinat et d’éloquence, une nouvelle garde-robe et diverses chirurgies plastiques), Peñaranda-dy Mauri réussit à devenir la deuxième dauphine de l’édition 2019 du Miss Gay Internacional.

Camilo Peñaranda/Mila dy Mauri en 2016 et 2019,
avant et après son passage par la casa Meleán. (Source Facebook)

Conclusion

     La concurrence entre identités locales dans les concours en Colombie a été analysée par Stanfield (qui explique le régionalisme comme possible conséquence de l’isolement géographique de certaines régions69
), ainsi que par Bolívar, Arias et Vásquez, pour lesquels le Concurso national de beauté colombien fonctionne comme « une scène pour la rencontre entre élites régionales, et la production d’une élite nationale70
».
     Dans le contexte de Miss Gay Internacional, les niveaux de concurrence sont divers. Nous pouvons constater des rivalités entre casas d’une même ville, entre maisons de diverses régions du pays, ou entre la plupart des casas nationales et les candidats vénézuéliens. Si nous reprenons la définition des houses de la ball culture comme des « gangs urbains gays », il est très tentant de comparer les casas avec les cartels de la drogue opérant en Colombie depuis la deuxième moitié du XXe siècle. Proposé par Omar Rincón, le terme narco-esthétique suggère des liens entre le trafic de drogues et des propositions formelles diverses, y compris la chirurgie plastique appliquée aux corps féminins. Dans ce sens, la criminalité masculine et la désirabilité féminine fonctionnent comme voies de mobilité socio-économique complémentaires 71
.
     Selon cette vision genrée du phénomène, les concours de beauté colombiens font partie d’un projet esthétique national, indépendamment des identités de genre ou orientations sexuelles des personnes participantes. Ainsi, les rapports de pouvoir entre casas font écho à ceux existant entre identités régionales, nationales et ethnoraciales. Dans cet article, nous avons survolé l’hégémonie d’une maison paisa comme les Cadavid, la position subordonnée de la maison afrodescendante des Palmer ou la situation ambiguë de la maison migrante Meleán : subalterne à cause de ses origines étrangères, mais légitimée grâce à la position privilégiée du Venezuela dans les concours de beauté internationaux. Conformées par des personnes marginalisées à cause de nombreux facteurs, y compris leur condition LGBT, les casas peuvent évoluer dans leurs contextes socioculturels, comme c’est le cas des membres de la maison Palmers au Chocó. De façon similaire, les membres de la casa Meleán ont vécu une forme de reclassement social après leur installation à Bogota : ils sont devenus la référence à imiter (et en même temps, l’ennemi à abattre), dans le cadre des compétitions transformistes locales.

     En somme, l’usage de la forme sociale des casas de reinas, ainsi que la pratique du transformisme en général, semble constituer une stratégie de survie pour les migrants vénézuéliens LGBT qui pratiquent cette forme spectaculaire. Que ce soient les membres de la casa Meleán, installés durablement dans la ville de Bogota, ou d’autres artistes originaires du Venezuela, le travestissement scénique fonctionne comme lieu de passage identitaire et professionnel : que ce soit pour s’installer dans le long terme, prendre un répit pour partir ailleurs ou bien rentrer à nouveau dans leur pays, ces personnes font usage de cette pratique pour continuer à vivre et à survivre, tout en traversant continuellement les frontières des nations, des cultures et des genres.

 

Bibliographie

Bolívar, Ingrid Johanna, Arias Vanegas, Julio et Vásquez, María de la Luz, « Estetizar la política: Lo nacional de la belleza y la geografía del turismo, 1947-1970 », dans Bolívar, Ingrid Johanna et alii (dir), Belleza, fútbol y religiosidad popular, Bogotá, Ministerio de Cultura, 2001, p. 45-84.

Border Line, Lilith, « Divas, tacones y pelucas: performance, teatralización, dramaturgia y puesta en escena del cuerpo y el género en sujetos trans. Travestis, ¿transformistas?, transexuales, transgéneros y yo », thèse doctorale, département d’anthropologie, Universidad de Antioquia (Medellín, Colombie), 2011.

Bressin, Tiphaine et Patinier, Jérémy, Strike A Pose : histoire(s) du voguing, s.l., Des ailes sur un tracteur éditions, 2012.

Caillois, Roger, Les Jeux et les hommes, Paris, Gallimard, 1958.

Forigua Cruz, Paul, « ¡Arrecha, marica! L’argot gay appliqué au concours Miss Venezuela », dans de Sanctis, Arianna Berenice et alii, L’Évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche, Paris, Archives contemporaines, 2016, p. 79-80.

Hamayon, Roberte, Jouer : Étude anthropologique à partir d’exemples sibériens, Paris, La Découverte, 2012.

Huizinga, Johan, Homo Ludens : Essai sur la fonction sociale du jeu [1938], trad. du néerlandais par Cécile Seresia, Paris, Gallimard, 1951.

Khittel, Stephan, « Crear belleza con estilo: el papel de los preparadores gay en los concursos de belleza en Quibdó, Chocó », dans Rutter-Jensen, Chloe (dir.), Pasarela paralela: Escenarios de la estética y el poder en los reinados de belleza, Bogotá, Editorial Pontificia Universidad Javeriana, 2005, p. 78-90.

Lauretis, Teresa de, Théorie queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg, trad. de l’anglais par Sam Bourcier, Paris, La Dispute, 2007.

Londoño Vega, Patricia, « La identidad regional de los antioqueños: Un mito que se renueva », dans Carrera Damas, German et alii (dir.) Mitos políticos en las sociedades andinas: Orígenes, invenciones, ficciones, Caracas, Institut français d’études andines, 2006, p. 203-230.

Mojito, Manu et Aguirre, Lina X, Madorilyn y la familia Crawford : cómo sonreír en tiempos de fama, Bogotá, La Valija de fuego, 2014.

Montaldo Pérez, Diego, Un siglo de misses, Caracas, Cadena Capriles, 1999.

Ochoa, Marcia, Queen for a day: Transformistas, beauty queens and the performance of feminity in Venezuela, Durham, Duke University Press, 2014.

Pollack, Michael, « L’homosexualité masculine, ou le bonheur dans le ghetto ? », Communications, no 35, 1982, p. 37-55.

Rincón, Omar, « Narco.estética y narco.cultura en Narco.lombia », Nueva Sociedad, no 222, juillet-août 2009, p. 147-163.

Schilt, Kristen et Westbrook, Laurel, « Doing Gender, Doing Heteronormativity : “Gender Normals”, Transgender People, and the Social Maintenance of Heterosexuality », Gender & Society, 23 (4),‎ 2019, p. 440-464.

Sontag, Susan, « Notes on camp », dans Sontag, Susan, Against Interpretation, New York, Delta Books, 1966 [1964], p. 275-292.

Stanfield, Michael Edward, Of Beasts and Beauty: Gender, Race, and Identity in Colombia, Austin, University of Texas Press, 2013.

Zambrano Cruz, Oscar Javier, « Trepando el clóset en Bogotá: contra-historias y escrituras drag », mémoire en études artistiques, Universidad Francisco José de Caldas (Bogotá, Colombie), 2019.

  • 1Demo Casa de Reinas, consultable ici : https://www.rcnventasinternacionales.com/es/programas/series/casa-de-re… [Consulté le : 6 août 2020]
  • 2 Une bonne partie de mon ethnographie virtuelle consiste dans la lecture, analyse et traduction des nombreux commentaires publiés par les spectateurs qui regardent le concours par l’intermédiaire des réseaux sociaux comme YouTube, Instagram et Facebook.
  • 3 MISS GAY INTERNACIONAL 2015 / PARTE 1 : DESFILE EN TRAJE DE FANTASIA, vidéo mise en ligne par Theatron de Película le 30 juillet 2015, consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=fPxV_eHgb2w [Consulté le : 6 décembre 2018]. Dans la version en espagnol : « Wilson Espinosa : ¿Porque tantas con apellido Cadavid? […]  Johan Fergusson : Todas de apellido Cadavid, ¿son familia o qué? » (traduit par nos soins, comme toutes les citations en espagnol ou en anglais présentes dans l’article).
  • 4 Voir, par exemple, César Prado, preparador de reinas, consultable ici : https://cesarprado.com/ [Consulté le : 7 août 2020]. Quant au terme cisgenre, il fait référence (par opposition au terme transgenre) aux « individus qui dont le sexe qui leur a été attribué à la naissance, leur corps et leur identité personnelle correspondent ». Voir : Kristen Schilt et Laurel Westbrook, « Doing Gender, Doing Heteronormativity : “Gender Normals”, Transgender People, and the Social Maintenance of Heterosexuality », Gender & Society, 23 (4),‎ 2019, p. 461. Dans la version en anglais : « … individuals who have a match between the gender they were assigned at birth, their bodies, and their personal identity. »
  • 5 S/A (2018, 10 juin). Venezolanas, en casa de reinas. Prostitución, una salida a la crisis del país vecino. Blogger. Consultable ici : http://venezolanasencasadereinas.blogspot.com/2018/06/prostitucion-una-… [Consulté le : 7 août 2020].
  • 6Provoquée par la crise socio-économique que traverse le Venezuela depuis 2014, la migration vénézuélienne actuelle est considérée par les Nations unies comme l’un des phénomènes de déplacement massif les plus problématiques au niveau mondial. Voir : Situation au Venezuela, consultable ici : https://www.unhcr.org/fr-fr/situation-au-venezuela.html?query=venezuela [Consulté le : 16 novembre 2020].
  • 7 ABC del Arte Drag & Transformista, consultable ici : https://www.abcdelartedragytrans.com/ [Consulté le : 16 novembre 2020].
  • 8 ABC del Arte Drag & Transformista (2019, 3 janvier). ABC del Arte Drag & Transformista – Década de los Setentas. Consultable ici : https://issuu.com/abcdelartedragytrans/docs/setentas_magazine [Consulté le : 11 août 2020].
  • 9 Glosario, consultable ici : https://www.abcdelartedragytrans.com/definiciones [Consulté le : 11 août 2020]. Dans la version en espagnol : « Casas de reinas: espacios que ofrecen distintos servicios para la preparación de artistas del transformismo, especialmente para competir en reinados de belleza. Entre los servicios que ofrecen están el alquiler de pelucas, tacones y vestuario, maquillaje profesional, formación en expresión oral y corporal […]. Estos servicios se ofrecen de manera remunerada, sin embargo, en algunos casos las casas brindan esta asesoría a cambio de que la artista represente a la casa en el concurso, así entre más coronas ganadas, mayor prestigio para la artista y para la casa. »
  • 10 Casa de reinas, casa de machos – Testigo Directo HD, vidéo publiée par Testigo directo le 2 février 2014, consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=w1h6k92NfUI [Consulté le : 12 août 2020]. Dans la version en espagnol : « Para ser cliente nuestro no necesariamente hay que ser gay u homosexual, porque tenemos muchísimos clientes que siendo heterosexuales también se arreglan, para lograr simplemente una fantasía o tomarse unas fotos… ». Linda Lucía Callejas Maya (1970-…) fut une candidate au Concours national de beauté colombien dans son édition 1989, devenue artiste de la scène et entrepreneuse par la suite. Dans le contexte du transformisme local à Bogota, Linda Lucía Callejas T est le nom de scène de Ramón Guevara, qui aurait élu ce nom en hommage à la reine de beauté.
  • 11 Par rapport à l’usage des mots gay et homosexuel dans les contextes latino-américains, voir mon article : Paul Forigua Cruz, « ¡Arrecha, marica! L’argot gay appliqué au concours Miss Venezuela », dans de Sanctis, Arianna Berenice et alii, L’Évolution de la langue et le traitement des « intraduisibles » au sein de la recherche, Paris, Archives contemporaines, 2016, p. 79-80.
  • 12Susan Sontag, « Notes on camp », dans Susan Sontag, Against Interpretation, New York, Delta Books, p. 290. Dans la version en anglais : « … aristocrats of taste… ».
  • 13 Michael Pollack, « L’homosexualité masculine, ou le bonheur dans le ghetto ? », Communications, n°35, 1982, p. 45.
  • 14 Lilith Border Line, « Divas, tacones y pelucas: performance, teatralización, dramaturgia y puesta en escena del cuerpo y el género en sujetos trans. Travestis, ¿transformistas?, transexuales, transgéneros y yo », thèse doctorale, département d’anthropologie, Universidad de Antioquia (Medellín, Colombie), 2011, p. 74. Dans la version en espagnol : « … casas, escuelas o hermandades… ».
  • 15 Oscar Javier Zambrano Cruz, « Trepando el clóset en Bogotá: contra-historias y escrituras drag », mémoire en études artistiques, Universidad Francisco José de Caldas (Bogotá, Colombie), 2019, p. 44-79. Dans la version en espagnol : « dinastías o familias ».
  • 16 Manu Mojito et Lina X Aguirre, Madorilyn y la familia Crawford : cómo sonreír en tiempos de fama, Bogotá, La Valija de fuego, 2014, p. 37. Voir : ABC del Arte Drag & Transformista (2019, 3 janvier). ABC del Arte Drag & Transformista – Década de los Noventas, consultable ici : https://issuu.com/abcdelartedragytrans/docs/noventas_magazine [Consulté le : 12 août 2020]. Dans la version en espagnol : « Las Crawford no pretenden ser una familia reconocida legalmente, no es esa su lucha, no hay madre y padre homosexuales y casados en una réplica de las estructuras que han sostenido el patriarcado. Hay madres y abuelas, hijos, hijas y nietas que aseguran, sobre la base de la voluntad y el cariño, la prolongación del linaje. »
  • 17 Aux origines de cette sous-culture LGBT, des personnes d’origine afro-américaine et latino-américaine s’affrontent de façon régulière dans des bals où le travestissement et la danse sont des formes spectaculaires privilégiées. Voir : Tiphaine Bressin et Jérémy Patinier, Strike A Pose : histoire(s) du voguing, s.l., Des ailes sur un tracteur éditions, 2012, p. 20.
  • 18 Paris Is Burning (1990) – Subtitulado en español (1 080 p), vidéo mise en ligne par REYNAS – El Arte Drag Queen le 19 juillet 2017, consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=2xrwoYSNFbg [Consulté le : 11 août 2020]. Dans la version en anglais : « They're families… you can say that. They are families for a lot of children who do not have families. But this is a new meaning of family […]. It was not a question of a man and a woman and children, which we grew up knowing as a family. It is a question of a group of human beings in a mutual bond. »
  • 19 Dans la version en anglais : « I’ll tell you what a house is. A house is a gay street gang. Now, where street gangs get their rewards from street fights, a gay house street-fights at a ball. And you street-fight at a ball by walking in the categories. The houses started because you wanted a name. »
  • 20Johan Huizinga, Homo Ludens : Essai sur la fonction sociale du jeu [1938], trad. du néerlandais par Cécile Seresia, Paris, Gallimard, 1951 ; Roger Caillois, Les jeux et les hommes, Paris, Gallimard, 1958 ; Roberte Hamayon, Jouer : Étude anthropologique à partir d’exemples sibériens, Paris, La Découverte, 2012.
  • 21 Roxana Miranda, communication personnelle, 2018. Dans la version en espagnol : « Entonces comienzan a participar las Cadavid, y comienza a volverse también una competencia entre las casas, ¿no? Entre… “Yo llevo mi hija para que gane la mía, y él trae a la suya para que ganen las Cadavid, y las Callejas hace su apuesta por una de ellas… »
  • 22 Dans la version en anglais : « I am the mother of House of Ninja because they say I am the best voguer out. To be the mother of a house, you have to have the most power. Take a real family: it is the mother that makes the hardest worker and is the mother that gets the most respect. This is the reason of the name of my house: Ninjas hit strong, and they hit fast. They are invisibles assassins, and that is we are: we come out to assassinate. »
  • 23 Lilith Border Line, op. cit., p. 74. Dans la version en espagnol : « En esta casa no queda claro quien asume el rol de madre. Aunque por la calidad artística bien podría ser Nicole Slen, pero por su belleza y por el hecho de haber ganado en concursos de belleza a nivel municipal, nacional e internacional también podría ser Daneska Smith de La Vega. »
  • 24Thea+tron / Theatron innova, consultable ici : https://www.portaltheatron.co/ [Consulté le : 20 août 2020]. Considéré comme l’épicentre de la vie festive LGBT à Bogota, cet établissement donne lieu à des controverses, étant aussi perçu comme un espace où sont discriminées les personnes racisées, transgenres ou issues des classes populaires. Voir : S/A (2013, 13 mars), Charla : Derecho de admisión vs Discriminación en bares LGBTI. Sentiido. Consultable ici : https://sentiido.com/charla-derecho-de-admision-vs-discriminacion-en-ba… [Consulté le : 30 novembre 2020].
  • 25RuPaul’s Drag Race, page consultable ici : https://www.facebook.com/rupaulsdragrace/ [Consulté le : 20 août 2020].
  • 26 Directorio, consultable ici : https://www.abcdelartedragytrans.com/directorio [Consulté le : 20 août 2020].
  • 27 Roxana Miranda, com. cit., 2018.
  • 28En busca de la corona de MISS GAY Internacional Theatron, 2014. Se acerca la mejor competencia transformista de colombia… Post Facebook [en ligne]. 8 mai 2014, 16 h 39. Consultable ici : https://www.facebook.com/EnBuscaDeLaCoronaDeMissGayInternacionalTeatron… [Consulté le : 11 août 2020]. Dans la version en espagnol : « Se acerca la mejor competencia transformista de Colombia Miss Gay Internacional y sus competidores desde hace mucho tiempo vienen preparando sus mejores cartas de juego para un año que será muy competitivo, de mucho nivel. Veremos transformistas que se han ganado un buen reconocimiento en Colombia entera… Las Cadavid, belleza colombiana, el apellido que más veces se ha logrado coronar (9 reinas, 4 de seguidas), a manos de Carlos Mario Miranda […] las Castillo a manos de Esneider, más conocido como Linda Carolina, que siempre se ha esforzado por sacar a sus hijas de una manera impecable […]. Las chicas de la capital en su mayoría buscan el asesoramiento de una de las mejores transformistas de Colombia, Linda Lucia Callejas, que siempre realiza un buen trabajo por ellas. Esperamos también contar con la vinculación de nuevas casas del transformismo como lo es la casa de Enrique Saieh de la costa atlántica, las Richardi del Valle y las Palmers del Choco que han realizado un buen papel… »
  • 29Lilith Border Line, op. cit., p. 75. Dans la version en espagnol : « Las Cadavid son consideradas las precursoras del transformismo en Medellín. »
  • 30Carlos Mario Miranda, page consultable ici : https://www.facebook.com/lascadavid.bellezacolombiana [Consulté le : 18 septembre 2020].
  • 31Roxana Miranda, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « En Medellín, hay dos casas muy fuertes, que son las Cadavid y las Castillo, entonces… de las Cadavid su madre es Carlos Mario Miranda, que también es transformista, diseñador, y en algún momento también participo en Miss Gay […]. Entonces, bueno: llegó un momento en que la situación se volvió aburridora para las participantes con las Cadavid, hay que decirlo. Ya uno decía: “Bueno, es que si yo no soy paisa, pues no gano.” »
  • 32Pérez, Rafael (2020, 27 juillet). La Cultura Paisa, costumbres y tradiciones. Conocedeculturas.com. Consultable ici : https://conocedeculturas.com/c-colombia/cultura-paisa [Consulté le : 11 octobre 2020].
  • 33Patricia Londoño Vega, « La identidad regional de los antioqueños: Un mito que se renueva », dans German Carrera Damas et alii (dir.), Mitos políticos en las sociedades andinas: Orígenes, invenciones, ficciones, Caracas, Institut français d’études andines, 2006, s.p. Dans la version en espagnol : « … un sentido de identidad sobredimensionado… ».
  • 34Roxana Miranda, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « En aquel entonces escuchaban el acento paisa, entonces: “Hola, yo soy Fulanita Cadavid…”, y ya la gente estaba totiada, por ser paisa. Además, que es también esa admiración que siente la gente por la belleza, tanto masculina como femenina, de las personas de Antioquia... » Sur l’accent paisa, voir : Tangarife Cardona, Rubén Darío (2013, 15 août). ¿Por qué los paisas hablamos así? Elcolombiano.com. Consultable ici : https://www.elcolombiano.com/historico/por-que-los-paisas-hablamos-asi-… [Consulté le : 11 octobre 2020].
  • 35 En busca de la corona de Miss Gay Internacional Theatron, 2013. Felicitaciones a la nueva Miss Gay Internacional 2013-2014 Miss Italia. Post Facebook [en ligne]. 4 août 2013, 10 h 6. Consultable ici :
    https://www.facebook.com/MissGayInternacional/photos/a.392225257543059/… [Consulté le : 30 septembre 2020]. Dans la version en espagnol : « Ambrosia Flores: No podía ser otra […]. Todas las felicitaciones del mundo mi hermosa María [Antonia] Cadavid… y de nuevo Medellín y Las Cadavid Belleza Colombiana presentes, para confirmar que las paisas somos de las más bellas de Colombia. »
  • 36 S/A (2015, 10 février). Información Departamento del Chocó, consultable ici : http://www.choco.gov.co/departamento/informacion-general [Consulté le : 21 septembre 2020].
  • 37 En busca de la corona de Miss Gay Internacional Theatron, 2013. Si del miss gay internacional queremos hablar… Post Facebook [en ligne]. 25 juillet 2013, 18 h 41. Consultable ici : https://www.facebook.com/EnBusca DeLaCoronaDeMissGayInternacionalTeatron/posts/214588205357624 [Consulté le : 3 septembre 2020]. Dans la version en espagnol : « Christopher Orozco : Ustedes me perdonarán, pero la actual Miss Gay no se asemejan a lo que las Cadavid son. […] Ah bueno, no es por negra, no es por fea… es por convencida, porque ella ganó siendo un señor calvo, negro y con falda. Y eso no es transformismo… »
  • 38 Michael Edward Stanfield, Of Beasts and Beauty: Gender, Race, and Identity in Colombia, Austin, University of Texas Press, 2013, p. 220.
  • 39 Romero, Diana (2016, 13 août). Miss Gay Internacional desde el backstage: el arte del transformismo. Shock.co. Consultable ici : https://www.shock.co/cultura/articulos/miss-gay-internacional-desde-el-… [Consulté le : 3 septembre 2020]. Dans la version en espagnol : « La bonavorense [María Victoria Cadavid] había decidido representar a Tanzania. Fue curioso verla, junto a otras tres concursantes afro, representar lugares recónditos y exóticos como Zambia, Kenia y Angola […]. Cinthia Catalina Palmers Cadavid se transformó por primera vez en 2011. Es artista bailarín desde los 8 años, por lo que ama subirse al escenario. En su discurso […] pide a gritos que no se olvide el Chocó y el respeto a la comunidad LGBTI. Quizá por ese deseo de visibilizar lo vulnerable decidió representar un lugar tan apartado como Zambia. » Buenaventura est le port commercial le plus important sur la côte pacifique colombienne, présentant des taux élevés de criminalité, avec une population composée par environ 85 % de personnes afrodescendantes.
  • 40 Daxon Prato, communication personnelle, 2019. Dans la version en espagnol : « Total, que cambiamos todo: yo hablé con la que era Estados Unidos (una morena, que fue la que quedó como virreina). Entonces bueno, yo pasé a ser Estados Unidos y ella pasó a ser Angola. »
  • 41Stephan Khittel, « Crear belleza con estilo: el papel de los preparadores gay en los concursos de belleza en Quibdó, Chocó », dans Chloe Rutter-Jensen (dir.), Pasarela paralela: Escenarios de la estética y el poder en los reinados de belleza, Bogotá, Editorial Pontificia Universidad Javeriana, 2005, p. 78-90.
  • 42Ibid., p. 78. Dans la version en espagnol : « Mediadores principales entre la realidad chocoana y las aspiraciones nacionales y globales inherentes a los concursos de belleza. »
  • 43 Il s’agissait de l’Afrique du Sud, de la Guinée, du Kenya, de Madagascar, du Soudan, de la Tanzanie et du Zimbabwe.
  • 44Stephan Khittel, op cit., p. 85. Dans la version en espagnol : « La “cultura” blanca-heterosexual paisa ».
  • 45Il s’agissait de Yathal Kaory Palmers en 2012, Kenia Lorens Palmers en 2013, Cinthia Catalina Palmers en 2016 et Ángel María de Albanis Palmers en 2019.
  • 46Stephan Khittel, ibidem. Dans la version en espagnol : « paternalismo paisa ».
  • 47Voir : Miss Gay Internacional 2013-1014, vidéo publiée par Theatron de Película le 9 août 2013, consultable ici : https://www.youtube.com/watch?v=SR_3fTn5bnQ&list=PLEyxa01pseei06nq1kvR3… [Consulté le : 17 octobre 2018]. Dans la version en espagnol : « Hoy agradezco a Dios y a Carlos Mario Miranda por su apoyo incondicional, vinculándome a una de las mejores casas de transformismo en Colombia: Las Cadavid […]. Hoy entrego la corona orgullosa de ser la segunda transformista afrodescendiente que, desde el corazón del Choco, vino a representar a la comunidad LGBTI. »
  • 48Michael Edward Stanfield, op. cit.
  • 49Diego Montaldo Pérez, Un siglo de misses, Caracas, Cadena Capriles, 1999.
  • 50Reinas que inspiran, consultable ici : https://www.missvenezuela.com/reinas [Consulté le : 3 octobre 2020]. Dans la version en espagnol : « … siete coronas de Miss Universo, seis de Miss Mundo y ocho de Miss Internacional, además de muchos otros títulos en concursos de relevancia mundial. »
  • 51Teresa de Lauretis, Théorie queer et cultures populaires : De Foucault à Cronenberg, Paris, La Dispute, 2007, p. 132. Traduit de l’anglais par Sam Bourcier.
  • 52Norberto : la peluquería del mundo en Colombia, consultable ici : https://www.norbertopeluqueria.com/ [Consulté le : 4 octobre 2020].
  • 53Willy Melean, profil consultable ici : https://www.instagram.com/willymelean/?hl=es [Consulté le : 11 octobre 2020].
  • 54Il s’agissait de Saphira Rocks von Teese (Alexei Quintero), Daniela Patricia Olivieri (Argenis Gonzalez), Monica Andrade (actuellement Monica Amaya), Alejandra Lezama (Alejandro Barrueta) et Georgina Ferreti (Anderson Requena), ayant participé aux éditions 2015, 2016, 2017, 2018 et 2019 du concours analysé.
  • 55Roxana Miranda, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « Claro, las chicas que llegan de Venezuela no hacen parte de nuestras casas, obviamente ninguna, ellas tienen sus propios maquilladores, sus propios diseñadores y demás… »
  • 56Argenis González, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « El problema es que un diseñador que es colombiano no te va a vestir porque eres venezolano. Aquí un maquillador colombiano no te va a arreglar porque eres venezolano […]. Entonces, ¿que toca? Entre los mismos venezolanos ayudarnos ».
  • 57Daniela Patricia Olivieri, profil consultable ici : https://www.instagram.com/danielapatriciaolivieri/?hl=es [Consulté le : 4 octobre 2020].
  • 58Argenis González, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « Entre mi grupo nosotros somos como cinco o seis… O sea, hay muchos otros, en otras cantidades, pero digamos que los que somos, como dirían aquí, los más… producidos, somos nosotros cinco. Primero, por el recorrido que traemos de Venezuela, por la experiencia que traemos de Venezuela, y también porque nos gusta hacer las cosas bien… »
  • 59Argenis González, com. cit., 2018. Dans la version en espagnol : « Yo no puedo contarte la historia trágica, que tuve que llegar como les toca a otras personas que llegan, y no consiguen trabajo porque realmente no tiene papeles… y tienen que trabajar en una webcam […]. Para la educación que yo tengo, y que me han infundado mis padres, la verdad yo nunca llegaría a eso. O sea, no sé… hubiese preferido quedarme en mi casa… »
  • 60Alejandro Guevara, communication personnelle, 2019. Dans la version en espagnol : « compañerismo ».
  • 61Daxon Prato, com. cit., 2019. Dans la version en espagnol : « Paul: O sea: ¿para ti esa casa de reinas es más que un concurso de belleza? / Daxon: Sí, nos vemos como familia hoy día… »
  • 62Osmel Souza, profil consultable ici : https://www.instagram.com/zardelabelleza/?hl=es [Consulté le : 11 octobre 2020].
  • 63Actuellement, l’organisation Miss Venezuela est codirigée par trois ex-reines de beauté, qui proposent une nouvelle vision du concours, basée sur l’empowerment des participantes. Voir : Miss Venezuela : de un certámen de belleza a un movimiento de empoderamiento, consultable ici : https://www.missvenezuela.com/quienes-somos [Consulté le : 9 octobre 2020].
  • 64Argenis González, communication personnelle, 2019. Dans la version en espagnol : « Él [Meleán] dice que nosotras somos sus hijas. »
  • 65Mila dy Mauri, profil consultable ici : https://www.instagram.com/miladymauri/?hl=es [Consulté le : 18 novembre 2020].
  • 66Camilo Peñaranda, communication personnelle, 2019. Dans la version en espagnol : « Él [Meleán] me considera dentro de sus hijas. »
  • 67Luis Felipe Rodríguez García, profil consultable ici : https://www.instagram.com/luisfelipemakeup/?hl=es [Consulté le : 9 octobre 2020].
  • 68Daxon Prato, com. cit., 2019. Dans la version en espagnol : « “loca”, “sin ningún nivel”, “ella [Peñaranda] no aprendió nada con nosotros”. »
  • 69Michael Edward Stanfield, op. cit., p. 12.
  • 70 Ingrid Johanna Bolívar, Julio Arias Vanegas et María de la Luz Vásquez, « Estetizar la política: Lo nacional de la belleza y la geografía del turismo, 1947-1970 », dans Ingrid Johanna Bolívar et alii (dir), Belleza, fútbol y religiosidad popular, Bogotá, Ministerio de Cultura, 2001, p. 45-84. Dans la version en espagnol : « … un escenario para el encuentro entre elites regionales y para la producción de una elite nacional… »
  • 71Omar Rincón, « Narco.estética y narco.cultura en Narco.lombia », Nueva Sociedad, n°222, juillet-août 2009, p. 147-163.

Site Drupal adapté par Pierre-Carl Langlais.

ISSN  2534-6431