Plan de l'article :
- Les débuts en littérature d’un demi-dandy
- Les Aveux : derniers vers d’un dilettante inquiet
- Du dilettante appliqué au mondain cosmopolite
- Extinction du dilettante fin-de-siècle
- Reniement de l’idéal dilettante dans L’Étape, roman à idées
Paul Bourget (1852-1935), auteur de « romans à thèse, sinon à idées » selon ses propres mots[1], qui a connu un grand succès avec ses romans psychologiques et mondains, a été un « dilettante » dans sa jeunesse. Son biographe, Michel Mansuy, le qualifie de « dilettante inquiet[2], en partie par référence à son deuxième recueil de poèmes, La Vie inquiète[3]. Théoricien et critique, Bourget s’est posé à ses débuts en littérature comme poète et esthète : en cette fin-de-siècle, le jeune provincial aspirant à la vie parisienne oscille entre des postures de dilettante et de dandy[4]. Essayiste et journaliste, il revisite les écrivains du premier XIXe siècle en commentant des principes comme le pessimisme et le nihilisme : il est ainsi l’un des inspirateurs de Nietzsche et l’un des premiers théoriciens de la notion de décadence en littérature[5]. Sa critique remet aussi goût du jour les grands auteurs tels que Baudelaire, Flaubert et Stendhal, pour ses pairs, jeunes dilettantes férus d’art et de littérature, qui comme lui sont des lecteurs de Taine et de Renan. Cependant, Bourget prend ses distances avec le dilettantisme de sa jeunesse et avec ses maîtres dans un célèbre article de 1882 consacré à Renan[6], puis dans un roman au succès polémique et retentissant, Le Disciple[7] (1889). Après avoir théorisé, puis renié le dilettantisme, Bourget cesse sa production poétique[8]. Seuls quelques très rares brouillons de poèmes subsistent dans ses manuscrits intimes. De l’écriture poétique à la prose didactique, Bourget est devenu un écrivain renommé, catholique et monarchiste, auteur de romans à thèse. L’amateur d’art devient aussi conservateur de musée ; le poète s’efface devant l’écrivain moraliste, élu à l’Académie en 1894. Pour éclairer cette trajectoire de dilettante devenu anti-dilettante, et aborder cette « pensée en mouvement qui est le contraire du raisonnement mathématique ou démonstratif[9]» dans l’œuvre et la vie de Bourget, nous considérerons principalement trois de ses premiers journaux intimes, conservés à la bibliothèque de Fels de l’Institut catholique de Paris[10]. Après sa conversion en 1901, Bourget va jusqu’à dénoncer dans L’Étape (1902), le plus emblématique de ses romans à thèse, les dégâts et les déviances du dilettantisme. Celui-ci, proche du dandysme, ne serait-il alors qu’une question d’âge et une mode d’époque, ainsi que l’exprime sous forme de boutade le double littéraire de Bourget, le dandy et dilettante Claude Larcher, dans La Physiologie de l’amour moderne (1888) : « Tu ne peux pas comprendre ça, papa, tu n’es pas assez fin-de-siècle[11] » ?
Les débuts en littérature d’un demi-dandy
Bourget tient son premier journal intime du 25 avril au 5 décembre 1870[12]. Il arrive à Paris à dix-huit ans, au printemps 1871. Il fréquente alors le collège Sainte-Barbe. L’une de ses premières œuvres[13] porte trace des combats de la Commune, pour lesquels il montre une certaine sympathie, ce qui ne manque pas d’étonner lorsque l’on connaît le parcours ultérieur de Bourget, qui deviendra monarchiste et catholique, et même mentor de l’Action française[14]. De cette période agitée, Bourget tire une passion pour l’ordre qui s’amplifie avec le temps. Durant ses années estudiantines, il lit beaucoup, versifie et n’envisage une carrière dans les lettres que comme poète. Son premier journal, rédigé au crayon à papier, recèle nombre de poèmes qui seront pour la plupart remaniés et publiés[15]. Ses vers sont empreints de l’influence des premiers poètes parnassiens dont Bourget établit « un peu une chronique d’énumération » dans un de ses articles dans Le Parlement[16]. Pourtant, afin de se démarquer des maîtres du Parnasse, Bourget fonde, avec Maurice Bouchor et Jean Richepin, le groupe des Vivants, après avoir fréquenté, sans grande conviction, les Hydropathes. Émile Goudeau souligne que « les Hydropathes occupent une position d’entre-deux […]. Ils ne sont pas des théoriciens, à la seule exception du distant Paul Bourget, auteur d’articles sur Balzac et Baudelaire[17] ». Cet auteur contemporain de Bourget donne la signification de « Vivants » :
Ils s’intitulèrent eux-mêmes, par haine du passé mourant, qui semblait-il, allait disparaître devant leur naissante aurore, les Vivants. Bien vivants, ils l’étaient, en effet, Jean Richepin, Paul Bourget et Maurice Bouchor[18].
Mais Goudeau note aussi que Bourget se détache assez vite de cette petite école post-parnassienne et de cette bande de dandys pour devenir quelqu’un plus sérieux, sinon d’austère, tout occupé d’idées et de littérature qui l’éloignent de la jouissance des dilettantes :
Bourget avait peu, à cette époque, la passion de la vie pour elle-même. Il ne la concevait que littéraire ; c’était avant tout un artiste […] Paul Bourget croyait au travail solitaire, au cénobitisme du penseur, de l’analyste et du bibliophile. Grand admirateur de Balzac, il levait entre les Vivants et les Brutalistes la bannière des Balzacides[19].
Goudeau mesure combien Bourget s’écartait déjà du dilettantisme et de la poésie pour devenir, comme son maître à écrire Balzac, un romancier bourreau de travail. Et c’est à partir d’une analyse des vers de Edel, qu’il estime d’ailleurs médiocres, que Goudeau souligne chez Bourget « l’immense besoin qu’il éprouvait de s’échapper à ce monde réel composé de bohèmes et de Villon de brasserie, afin de s’évader vers la sphère aristocratique, délicate et quintessenciée où il devait se cantonner plus tard[20] ». Goudeau dissocie cependant le dilettantisme du dandysme chez Bourget : « Ce n’est point par snobisme, mais par goût profond d’une modernité spéciale que le poète de Edel devint dandy[21] ». Bourget est resté, tout au long de sa vie, fidèle à deux maîtres : l’antimoderne Barbey d’Aurevilly, son « professeur en dandysme[22] », et Balzac, le portraitiste des dandys parisiens. Les journaux intimes de Bourget confirment les souvenirs de Goudeau. Le plus grand nombre de citations d’écrivains est tiré des œuvres et des lettres de Balzac[23]. Bourget est de tous les dîners avec Barbey d’Aurevilly dans les salons littéraires et mondains, ceux de la comtesse Potocka, de Julia Daudet, de la baronne de Loigny… Il dessine sur les pages de ses carnets intimes les croquis des plans de table, avec le nom des convives, et celui de Barbey revient fréquemment[24]. Comme lui, Bourget qui s’essaye au dandysme est aussi un mondain : sa conversation et son élégance marquent les habitués des salons.
Les Aveux : derniers vers d’un dilettante inquiet
L’intériorité et le sérieux restent pourtant consubstantiels chez Bourget. Se poser en dandy, c’est faire de sa vie une œuvre d’art. Être dilettante, c’est affleurer la vie en jouisseur, voire en poète. En 1883, Bourget publie ses derniers vers dans le recueil Les Aveux[25], dont le second livre s’intitule Dilettantisme. Le titre fait écho à la parution, un an plus tôt, dans La Nouvelle Revue du 15 mars 1882, de son article sur Renan[26], dont la deuxième partie intitulée Du dilettantisme vilipende cette « manière d’être » incarnée par Renan. Bourget s’éloigne donc de son ancien maître et du dilettantisme. Dans cette chronique, Bourget marque les difficultés d’assigner une place et une définition au dilettantisme, qui « est beaucoup moins une doctrine qu’une disposition de l’esprit[27] » – locution utilisée trois fois. Il la dénonce comme potentiellement « dangereuse[28] » et frivole, y compris chez Renan. Mais Bourget continue de l’admirer secrètement, avec une nette contradiction entre ses écrits intimes et publics. Il note dans son journal le jeudi 25 novembre 1882 :
Lu au journal, en attendant mes épreuves le dernier article de Renan. Beaucoup admiré la solitude et la vigueur de son idéal. C’est une existence uniquement soutenue par le dedans. Rien de gâché en lui[29].
Bourget pénétré de sérieux, soucieux de réussir, manquait sans aucun doute de la légèreté nécessaire au dilettante. Il s’y essaye pourtant avec application, en poésie, avec la publication entre 1872 et 1878 de cinq recueils de poèmes chez Alphonse Lemerre, tous recueillis en 1888 chez le même éditeur[30]. Dans son ultime recueil, Les Aveux, Bourget exalte encore son âme forgée à la lecture de Renan, jusque dans son épilogue, « Confiteor » :
Il est dur aux songeurs,
Le siècle dont nous sommes,
Pourtant j'ai préservé mon intime Idéal [31] !
Ses vers résonnent comme les confessions d’un dilettante fin-de-siècle. Son recueil est composé, outre le prologue, de trois livres intitulés Amour, Dilettantisme et Spleen. Dans le livre premier, toutes les étapes de l’amour sont scrupuleusement évoquées dans des poèmes en alexandrins : de l’« Espoir d’aimer[32] » en passant par « L’Amour naissant[33] » et le sonnet très élégiaque « Solitude[34] ». Un sonnet, « Rêve de volupté[35] », évoque les sens amoureux avant l’expression du « Regret[36] ». De nombreuses « Romances » célèbrent l’élue, puis le désamour avec « Une ancienne amie » :
Je ne vous aime plus. Mensonger ou sincère,
Le sentiment sans nom qui me venait de vous
Ne ronge plus mon cœur de son fatal ulcère.
Les temps sont bien passés des chagrins noirs et fous[37].
Le livre second, Dilettantisme, s’ouvre par deux quatrains en octosyllabes sur un rythme de ballade qui mettent en avant les plaisirs, la vie et la fantaisie du dilettante explicitement nommé et libre de toute attache amoureuse.
Dans les jours où la vie est libre
De toute amoureuse longueur,
Quand aucun nom trop cher ne vibre
Dans le grand silence du cœur,
C'est un plaisir de dilettante
De donner délicatement
À la fantaisie inconstante
Les allures du sentiment[38]…
Les autres poèmes se répartissent entre souvenirs nostalgiques de voyages – où l’on reconnait bien aussi le caractère cosmopolite du dilettante – des romances égrenées et des hommages explicites à de grands auteurs tels que Ronsard, Michelet, Shelley… Un poème intitulé « Soirée de jeune gens » dépeint la vie fraternelle, littéraire et insouciante, dilettante :
Ce soir-là, nous étions quatre bons camarades,
Tous jeunes, tous joyeux, et liés des longtemps
Pour avoir en commun, depuis sept ou huit ans,
Connu bien des jours gais et bien des jours maussades[39].
Le journaliste Édouard Rod écrit dans Le Parlement du 19 mai 1882 que ce livre est le meilleur des trois :
Dans le livre second, intitulé Dilettantisme, M. Bourget est plus à l’aise : là, de petits tableaux sont dessinés avec des couleurs très sobres et une rare perfection de lignes ; des paysages étrangers passent, qu’on croirait voir ; quelques fines imitations dénotent des affinités de tempérament entre le poète des Aveux et les poètes anglais. Mais la préoccupation constante de l’analyse demeure ; les impressions de nature elles-mêmes semblent se décomposer en passant par cet esprit subtil entre tous, comme des rayons lumineux à travers des prismes de cristal.
Ces derniers textes poétiques apparaissent comme un florilège dédié à une époque de dilettantisme dont la page se tourne pour l’auteur. Le livre troisième, Spleen, est beaucoup plus noir et désespéré. Bourget, en baudelairien imitateur mais repenti, y déplore tout ensemble la débauche, le décadentisme et les soirs crépusculaires parisiens.
Du dilettante appliqué au mondain cosmopolite
La prise de distance de Bourget vis-à-vis de Baudelaire peut être considéré comme la fin de sa période dilettante. Un séjour à Venise, en 1887, marquerait explicitement ce renoncement aux « sirènes baudelairiennes[40] ». Bourget s’était rendu seul dans la cité des Doges, après ses premiers voyages en Toscane avec Albert Cahen d’Anvers ; à vingt-deux ans, en 1884, il avait été intronisé au monde cosmopolite et dilettante de la haute société par son riche ami. Albert Cahen fait découvrir à Bourget, en même temps que les paysages et les musées, le monde aristocratique international des nantis désœuvrés et cultivés. Snob et érudit, avide de réussir, Bourget est un bon élève en dilettantisme, « un dilettante appliqué[41]» sur les traces de Stendhal, maître en la matière. L’Italie, terre d’élection du dilettantisme cosmopolite, l’inspire aussi pour ses poèmes. Il compose des Vers écrits à Florence, qu’il dédie à son ami et protecteur Albert Cahen.
Cependant, dix ans plus tard, il dénonce les travers de cette noblesse dilettante et internationale dans le roman Cospomolis (1894). L’amateur passionné d’art italien se professionnalisera par la suite en historien de l’art, jusqu’à devenir, dans sa maturité, le président des conservateurs du musée Condé à Chantilly, de 1922 à sa mort en 1935. Grand collectionneur de tableaux primitifs siennois[42], il sait les décrire avec précision, notamment dans une délicate nouvelle, « La Pia[43] », qui traite du vol et de l’identification d’un tableau dans une église en Toscane ; le cadre se retrouve dans d’autres romans et l’un de ses essais, Sensations d’Italie[44]. L’Italie, comme la Grèce, le Liban et Jérusalem entre autres sont évoqués dans les carnets de voyage de Bourget et de son épouse[45]. Car Bourget a épousé, le 21 août 1890, une riche héritière, Julia David (dite Minnie Bourget), femme cultivée, bilingue, traductrice de l’italien[46]. Avec elle, il visite musées et églises dans toute l’Europe méditerranéenne. Dans ses cahiers intimes, Minnie, l’épouse aimante et dévouée, recopie scrupuleusement la description des œuvres, par exemple celles du musée Pitti, son académicien d’époux lui déléguant probablement cette tâche d’écriture sérieuse et minutieuse. Lors de leur premier voyage, elle note scrupuleusement la description de tous les « tableaux qui m’ont plu le mieux depuis que je suis en Italie[47] ». Minnie Bourget consigne aussi quelques poèmes dans ses écrits intimes, alors que son époux, au même moment, écrit dans son journal que les poèmes, non versifiés, ne sont plus que des idées[48]. En 1894, lors d’un séjour à Thomasville aux États-Unis, ces idées de poèmes laissent place à une liste de titres de futurs poèmes. C’est la dernière velléité de composition poétique retrouvée dans les journaux intimes de l’auteur. Comme en témoigne son dernier agenda de 1935[49], Bourget conserve cependant jusqu’à sa mort l’habitude d’écrire des listes de romans et de nouvelles à composer, seule trace de la période poétique et dilettante de l’écrivain devenu âgé.
Extinction du dilettante fin-de-siècle
Chez Bourget, le dilettantisme, ce sont le voyage, le célibat, la jeunesse de l’âme et du corps et l’écriture poétique. Mais les personnages de dilettantes dans les romans psychologiques de Bourget finissent mal. Ils meurent pour la plupart, marquant dans une intention prémonitoire et didactique du narrateur, la fin du dilettantisme de l’auteur, qui estime désormais que les personnages sont au service des idées. Le jeune poète René Vincy dans Mensonges (1883) fait une tentative de suicide, victime de cette « intoxication littéraire » déjà vilipendée par Bourget dans ses premiers essais critiques sur Flaubert[50]. L’abbé Taconet, premier de la série des personnages de prêtres dans l’œuvre de Bourget, sermonne le jeune Vincy en lui montrant la croix surplombant le portail de Saint-Joseph-des-Carmes à l’Institut catholique de Paris, souhaitant le conduire vers le chemin de la foi en le soustrayant à l’influence néfaste du dandy Claude Larcher[51], lui-même qualifié de « dilettante de sa propre infortune » dans la préface à La Physiologie de l’amour moderne[52]. L’auteur de Mensonges serait-il alors, dans la vérité révélée de la foi chrétienne, dans une sorte de contrition et de repentir face au dilettante qu’il a été ? Et dans la condamnation romanesque du dilettantisme ? Outre René Vincy échappant de peu à la mort, Robert Greslou, héros du Disciple, meurt dans les bras de son maître Adrien Sixte qui prononce en repentance un Notre Père « la seule oraison qu’il se rappelât de sa lointaine enfance[53] » ; Dorsenne, dans Cosmopolis (1892), ne sauve pas Alba Steno alors que lui seul aurait pu le faire. « Il se dérobe à son devoir avec une inconscience bien faite pour faire juger son dilettantisme[54] », comme le souligne dès 1907 Philippe de Ribaucourt. La mort, surtout la mort violente, devient omniprésente dans l’œuvre romanesque de Bourget : le dilettantisme, loin d’être associé de façon positive à la vie, à la jeunesse et à l’art, semble condamner ses victimes.
Après avoir participé dans sa jeunesse au bien nommé groupe des Vivants, pour renouveler un Parnasse finissant, Bourget a donc pris ses distances avec les dilettantes, à Paris comme en Italie, comme si, pour durer en littérature – et la mode étant passée – il fallait cesser d’être dilettante et poète. « Ce qui frappe d’abord chez ce psychologue qui a mis à la mode le dilettantisme, et chez ce romancier aimé des femmes, c’est la vigueur de l’esprit » note René Doumic en 1894[55], quelque dix ans après la publication du dernier recueil poétique de Bourget et de son article sur Renan et le dilettantisme. Selon Doumic, le dilettantisme mis en vogue et adopté par Bourget n’aurait été qu’un feu de paille, une fantaisie fin-de-siècle, même si son influence a été réelle :
Sur qui s’est exercé cette influence ? Sur les jeunes hommes d’abord, qu’on voyait, il y a quelques années, affecter le dilettantisme et le pessimisme. Mais, parmi les jeunes gens, les modes littéraires vont vite. Le dilettantisme a cessé de passer pour une élégance et M. Bourget lui-même le raille[56].
Dilettantisme et dandysme, esthétismes et élégances proches, ne seraient alors qu’une question d’époque. Doumic, contemporain de Bourget, assigne un genre et un âge au dilettante comme au dilettantisme. L’abbé Félix Klein, maître de conférences à l’Institut catholique de Paris, ne reconnaît plus dès 1895 le titre de dilettante qu’à quatre écrivains : Renan, Anatole France, Maurice Barrès et Jules Lemaître[57]. Mais il attribue lui aussi la paternité et la définition du concept à Bourget. « Si quelqu’un était qualifié pour définir un état d’âme aussi délicat […] c’était bien le subtil psychologue et le très fin moraliste qui a nom Paul Bourget[58] », explique l’abbé Klein à ses étudiants. Il est pourtant acerbe avec Bourget, soulignant que ses premières œuvres poétiques et psychologiques sont « quelquefois dangereuses[59] », mais se félicitant des progrès de la foi et de la morale chez cette âme qu’il décrit comme complexe et inquiète[60]. L’abbé Klein dénie la qualité de dilettante à Bourget en raison « d’une âme trop généreuse et trop compatissante[61] », qui, de surcroît, a des aspirations chrétiennes[62]. De plus, Klein souligne que l’éloignement du dilettantisme de l’auteur du Disciple est étroitement lié à « la conscience très nette qu’il a eue de la responsabilité d’écrire[63] ». Mais la bascule n’est pas si nette chez Bourget diariste. C’est plutôt un fondu enchaîné dans son écriture au tournant des XIXe et XXe siècles.
Reniement de l’idéal dilettante dans L’Étape, roman à idées
« Bourget théorise sur le roman à thèse dès 1886 », remarque Béatrice Laville[64]. L’âge venant, et après ses déceptions de poète, Bourget s’éloigne de ses interrogations égocentrées et de l’expression de son idéal, et de ce Moi lyrique et parnassien revendiqué dans sa jeunesse. L’auteur entame conjointement un chemin de conversion avec un retour au catholicisme, et une réflexion politique sur les classes, les races et la pensée sociale étayée par des idées conservatrices et réactionnaires que Bourget défend par la suite dans ses romans et dans ses articles. « À l’idée du dilettantisme égotiste, ou plus simplement d’une centration sur l’individu, succède la pensée des groupes et du collectif », souligne Laville[65], à propos notamment de la problématique du déracinement. Dans sa préface de 1889 au Disciple, Bourget se pose en maître et s’adresse prioritairement « aux plus de dix-huit ans et aux moins de vingt-cinq ans qui cherchent dans nos volumes… les questions qui les tourmentent[66] », en leur dévoilant, à la suite de l’exemple barrésien, que « sous le beau nom de dilettantisme… [se] dissimule la férocité froide, la sécheresse affreuse[67] », ce que l’abbé Klein dénonce aussi dans ses conférences à ses étudiants qu’il souhaite préserver du dilettantisme, « cette fleur de la décadence » selon Rod[68]. La critique littéraire de la Belle Époque a ainsi scindé l’auteur et ses écrits en deux périodes, avant et après Le Disciple : le Bourget mondain auteur de romans psychologiques et l’auteur engagé de romans à thèse. Henri de Pènes, journaliste au Gaulois, va jusqu’à le qualifier d’« auteur enjuivé » pour un public féminin, avant que n’apparaisse sa posture d’écrivain catholique et antidreyfusard. Dans L’Étape (1902), roman engagé, prônant la supériorité du catholicisme et les idées monarchistes, dénonçant les déviances des institutions laïques et républicaines et leurs méfaits sur les individus et les familles, Bourget porte le coup de grâce aux dilettantes et au dilettantisme « par un discours prêté à un ouvrier électricien dans une université populaire » :
Camarades, l’heure est solennelle. Il s’agit de savoir si notre groupe est de ceux qui attendront, stagnants et hémiplégiques, dans la pourriture d’un passivisme de dilettantes et dans une veulerie léthifère d’indifférentismes amusés, qui ravalerait nos mentalités socialistes au rang des encéphales des crapulards de la Haute, saturés d’hydragyre[69].
Le roman « stigmatise l’accaparement de la langue par le peuple que les démocrates tenteraient de favoriser, et du même coup, bien évidemment sa déliquescence[70] », comme le remarque Laville qui cite cet extrait. Elle rajoute que pour Bourget « la langue est affectée d’un processus de décadence à l’image de la société, orchestré par la dérive démocratique[71] ». Ces paroles portent en effet la marque d’une précédente langue bourgettienne caricaturée : l’affection pour les « ces mots en -isme qui le captivent visiblement : dilettantisme, cosmopolitisme, nihilisme, pessimisme, distribuant chacun d’eux comme une identité flottante, qui se déplace d’un auteur à l’autre[72] », avec passivisme et indifférentisme ; les références à la Haute (sous-entendu la haute société aristocratique germanopratine et cosmopolite dans laquelle Bourget est reçu) ; le désuet hydragyre qui n’est pas sans rappeler les « Hydropathes » que Bourget fréquenta dans sa jeunsse. Ces propos fustigent les dilettantes, les poètes et le décadentisme. Cette langue faussement recherchée et autopastichée, accaparée par un discours supposé prolétarien, n’est pas sans équivoque dans le parcours de Bourget. L’Étape a un titre performatif : le roman marque un seuil dans la vie littéraire, spirituelle et esthétique de l’auteur. Mais le dilettantisme a été matriciel dans sa construction d’écrivain, à la fois encensé et dénoncé à l’image de l’attitude que Bourget, disciple, a pu avoir avec ses maîtres, en particulier Renan. Bourget entretient une relation ambivalente avec ceux-ci, les honorant tout en les fustigeant :
La pièce où Bourget travaillait, où l’on imagine mal qu’il ne travaillera plus, était hantée par le souvenir des maîtres de sa pensée. Ils sont tous là, en portraits, en bustes ou en livres. Balzac dont la lecture lui fut le grand coup au cœur, Balzac qui le révéla à sa vocation de romancier. Taine auquel il resta d’autant plus fidèlement attaché qu’il lui a dû de pouvoir s’en séparer. Barbey d’Aurevilly, éblouissant professeur de dandysme, dont il fut d’ailleurs un élève très personnel… Ainsi le critique, le philosophe, le romancier, le mondain n’oublient pas les influences maîtresses dont ils sont marqués[73].
Après sa période poétique et dilettante, Bourget se consacre exclusivement à un labeur de romancier et de journaliste : travail est l’un des mots qui revient le plus fréquemment sous la plume du diariste. La bibliothèque de Fels de l’Institut catholique de Paris conserve quarante cahiers, carnets de notes et agendas de Bourget, rédigés entre 1870 et 1935, ainsi que la bibliothèque personnelle de l’auteur. Mais entre le premier journal datant de 1870 et le deuxième, débutant le 3 février 1879, presque dix années sont manquantes, sans que nous connaissions à ce jour si le sort de ces manuscrits. Bourget aurait-t-il voulu effacer lui-même la majeure partie de sa période dilettante de jeune poète ? Ou les ayants-droits de Bourget, l’amiral puis le général Daille, auraient-ils préféré ne pas léguer à la postérité les journaux portant sans doute trace de la probable vie homosexuelle de l’auteur durant ses jeunes années[74], soit en les détruisant, soit en les conservant à l’écart ? Des informations précieuses sont perdues, notamment sur le parcours précis de désengagement du dilettantisme de Bourget pour une carrière d’écrivain engagé et conservateur. La première page du deuxième cahier conservé, celui de la formation mondaine, est cependant significative. Ce journal, tenu de façon très régulière du 3 février 1879 au 11 décembre 1883, s’ouvre par une épigraphe, presque un mantra pour Bourget, une citation de Byron dans une lettre à Shelley :
Dans ce monde d’intrigues et de débats, et surtout dans la carrière de la littérature, un homme doit calculer les moyens de résistance avant d’entrer dans l’arène[75].
L’esprit du dilettantisme s’était déjà éloigné sous la plume diariste de Bourget. Il parle de carrière, de changement et de travail. Quelques jours plus tard le 3 février 1879, Bourget franchit une autre étape dans sa vie, en attaquant le parisianisme, une des excroissances du dilettantisme :
J’ai changé ma vie. Il le fallait pour travailler. Trop de folies me mangeraient mon temps. […] Les Parisiens [sont] plus inconsistants que les girouettes de leurs clochers[76].
Bourget souligne plus tard, en 1883, que « respirer à Paris, c’est boire ces atomes, c’est devenir critique, c’est faire son éducation de dilettante[77] ». Une fois éduqué, ses injonctions au travail, les satisfecits que l’auteur se délivre parfois, sa culpabilité de ne pas avoir assez travaillé parsèment ses journaux intimes de façon récurrente, parfois en latin. Les exhortations nulla die sine linea et laboremus sont souvent des phrases introductives et conclusives d’une journée consignée de façon de plus en plus elliptique au fil des années[78]. Notons aussi que le déclin progressif de la posture dilettante de Bourget s’accompagne d’une montée vers Dieu et de la foi recouvrée, comme il l’écrit à la page du 9 juillet 1892 :
Je reprends ce journal d’un nouveau coin des Alpes avec plus de force qu’autrefois et plus près de Dieu sans être encore avec lui. J’ai travaillé, fini Terre promise, commencé Cosmopolis, vu Rome […] Pourquoi ne puis-je retrouver la foi première ? […]. Remettons-nous dans les mains de Dieu. Elles ne peuvent pas se tromper[79].
Le chemin intérieur vers la foi catholique, jusqu’à sa conversion définitive en 1901, analysée par Bernard Gendrel[80], est aussi l’une des dernières marques de l’abandon du dilettantisme jusqu’à son reniement dans ce roman de conversion qu’est L’Étape. Les traces de la lutte intérieure, voire du combat spirituel entre dilettantisme et foi catholique, ne peuvent se retrouver que dans ses romans et dans ses écrits publics, faute des cahiers intimes de la période 1870-1879 qui ne nous sont pas parvenus.
Le dilettantisme constitue une étape dans la vie mondaine et personnelle, mais aussi dans la formation littéraire de Bourget. Son dernier recueil, Les Aveux, est un concentré de Parnasse, comme si Bourget y jetait ses derniers feux de poète. L’arrêt de toute production poétique marquerait la fin du dilettantisme dont Bourget ne garderait que la partie la plus ingrate, l’inquiétude – on pourrait dire l’intranquillité –, loin du côté jouissif et égocentré du dilettante. Le roman remplace la poésie, le dilettante cède la place à l’auteur de romans à thèse. Bourget est reconnu par ses amis romanciers comme l’un des maîtres du genre : il a « l’amour, la science, l’art du roman[81] » selon Barrès. Bourget n’est pourtant pas le seul écrivain en 1900 à s’adonner à la fiction autoritaire – Zola et Barrès s’y consacrent aussi. Pour Béatrice Laville, « ces romans émergent à une époque dont ils sont aussi le symptôme[82] ». Reconnaissons à Bourget d’avoir, comme critique littéraire et comme écrivain, su saisir l’air du temps. Il est l’un des seuls auteurs qui a tout à la fois théorisé, analysé, pratiqué et versifié le dilettantisme. Il l’a aussi daté, en l’assignant à la jeunesse littéraire des années 1880. La Belle Époque amorce pour Bourget un changement de facture, avec l’écriture didactique et parfois pesante d’un écrivain monarchiste et réactionnaire. Son image et sa postérité en font un « écrivain ennuyeux » selon Huysmans[83], un « psychologue pour théière », pour ne citer que les expressions les plus dicibles. Il est difficile de dégager Bourget de ces jugements dans lesquels les critiques l’ont cantonné, y compris pour sa période poétique, en usant tant de l’oxymore « dilettante inquiet » que de la qualification plutôt dépréciative de « demi-dandy » pour ne retenir que l’auteur conservateur de romans à thèse. Ses journaux intimes révèlent pourtant un écrivain « subtil » comme l’avait bien perçu Maupassant dès 1884[84]. Bourget, ce poète et esthète déchu, demeure un critique littéraire profond qui a saisi l’essence du dilettantisme comme l’un des esthétismes marquants de la littérature fin-de-siècle.
Bibliographie
Ancelet-Netter, Dominique. « Paul Bourget avant et après Le Disciple. Figures du professeur et de l’élève dans Mensonges et L’Étape ». Quêtes littéraires n° 9, « Maître(s) et disciple(s) », décembre 2019, p. 67-76.
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Bourget, Paul, Mensonges, Paris, Alphonse Lemerre, 14e édition, 1887.
Bourget, Paul, Cosmopolis, Paris, Alphonse Lemerre,1894.
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Bourget, Paul, L'Étape, Paris, Plon, 1902.
Bourget, Paul, Sensations d’Italie, Paris, Armand Colin, 1992.
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Schellino, Andrea, La Pensée de la décadence de Baudelaire à Nietzche, Paris, Garnier-Flammarion, 2020.
[1] Paul Bourget, Pages de critique et de doctrine, Paris, Plon, 1912, p. 143.
[2] Michel Mansuy, Un moderne. Paul Bourget. De l’enfance au Disciple, Paris, Les Belles Lettres, 1960, p. 414.
[3] Paul Bourget, La Vie inquiète, Paris, Alphonse Lemerre,1872.
[4] Pour Mansuy, Bourget est un « demi-dandy » puisqu’il suit sans jamais l’égaler les traces du premier de ses maîtres, Barbey d’Aurevilly.
[5] Voir Andrea Schellino, La Pensée de la décadence de Baudelaire à Nietzche, Paris, Garnier-Flammarion, 2020.
[6] Paul Bourget, « Ernest Renan », La Nouvelle Revue, 15 mars 1882, p. 233-271. Recueilli dans Essais de psychologie contemporaine : études littéraires, édition établie et préfacée par André Guyaux, Paris, Gallimard, 1993, p. 36-44.
[7] Paul Bourget, Le Disciple [1889], éd. Antoine Compagnon, Paris, Le Livre de Poche, 2010.
[8] À l’exception d’un dialogue lyrique confidentiel et tardif : Paul Bourget, Hélène, Dialogue lyrique, Paris, Au Pigeonnier, 1923.
[9] Maarten van Buuren, « Le dilettantisme, style de vie », Poétique, 2004/1, n°137, p. 53-71.
[10] Paul Bourget, Ms français, 664-1, Ms français, 664-1 bis, Ms français, 664-2, Fonds Paul Bourget, Bibliothèque de Fels.
[11] Paul Bourget, Physiologie de l’amour moderne, Œuvres complètes, t. II, Paris, Plon, 1901, p. 357.
[12] Paul Bourget, Ms français, 664-1, op. cit.
[13] Un crime d’amour (1886) ; rééd. dans Œuvres complètes, Paris, Plon-Nourrit, t. I, 1901, p. 157.
[14] Voir Laurent Joly, « Les grands écrivains sont avec nous : Bourget, Lemaître et l'Action française ». Dans Michel Leymarie, Olivier Dard, Jean-Yves Guérin (dir.), Maurassisme et littérature : L'Action française, culture, société, politique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2012.
[15] Paul Bourget, Ms français, 664-1, op. cit.
[16] Paul Bourget, « Parnassiana », dans Le Parlement, 26 février 1880, p 3, recueilli dans Yann Mortelette, Le Parnasse, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2021, p. 158-161.
[17] Émile Goudeau, Dix ans de bohème, Introduction, notes et documents de Michel Golfier et Jean-Didier Wagneur avec la collaboration de Patrick Ramseyer, Paris, Champ Vallon, 2000, p. 67.
[18] Ibid., p. 105.
[19] Ibid., p. 119.
[20] Ibid., p. 122.
[21] Ibid., p. 123.
[22] Idem.
[23] Entre autres exemples, voir Paul Bourget, Ms français 664/1bis, op. cit., vues 76 et 120.
[24] Paul Bourget, Ms français 664/1bis, op. cit., vue 29.
[25] Paul Bourget, Les Aveux, op. cit.
[26] Paul Bourget, « Ernest Renan », La Nouvelle Revue, 15 mars 1882, p. 233-271. Recueilli dans Essais de psychologie contemporaine : études littéraires, édition établie et préfacée par André Guyaux, Paris, Gallimard, 1993, p. 36-44.
[27] Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, op. cit., p. 36.
[28] Ibid., p. 40.
[29] Paul Bourget, Ms français, 664-1bis, op. cit., vue 112. Il écrit aussi qu’« aucun des écrivains de [son] époque n’a connu cette poésie au même degré comme Renan » (Essais de psychologie contemporaine, op. cit., p. 37.) Bourget reste, malgré ses critiques, un admirateur de ses maîtres, particulièrement de Renan qui a incarné le dilettantisme, et que lui-même n’a jamais égalé dans cette manière d’être.
[30] Paul Bourget, Au bord de la mer ; La Vie inquiète ; Petits poèmes, 1872-1876, Paris, Alphonse Lemerre,1888.
[31] Paul Bourget, Poésies, 1876-1882, op. cit., p. 297.
[32] Paul Bourget, Les Aveux, op. cit., p. 123.
[33] Ibid., p. 125.
[34] Ibid., p. 130.
[35] Ibid., p. 135.
[36] Ibid., p. 154.
[37] Ibid., p. 182.
[38] Ibid., p. 186.
[39] Ibid., p. 206.
[40] Voir Sophie Basch, Paris-Venise, 1887-1932, La folie vénitienne dans le roman français de Paul Bourget à Maurice Dekobra, Paris, Honoré Champion, 2000, p. 45, citant Michel Mansuy, Paul Bourget, De l’enfance au Disciple, op. cit. p. 442.
[41] L’expression est d’Adriàn Valenzuella Castelleto.
[42] La collection de Paul Bourget a été léguée au musée de Chambéry par son arrière-petit-neveu, en 1980, par le général Daille. Voir « Au musée de Chambéry. Le retable du général », Le Monde du 29 décembre 1987.
[43] Paul Bourget, Voyageuses, Paris, Alphonse Lemerre, 1897, p. 268.
[44] Paul Bourget, Sensations d’Italie [1891], Paris, Armand Colin, 1992.
[45] Minnie Bourget, Ms français 665/1, Bibliothèque de Fels, Institut catholique de Paris. Les journaux de Minnie Bourget n’ont pas été encore numérisés.
[46] Ses témoins de mariage furent François Coppée et Albert Cahen d’Anvers.
[47] Minnie Bourget, Ms français, 665-1, op. cit. Page du 29 novembre 1890.
[48] Paul Bourget, Ms français, 664-4, op. cit., vue 41.
[49] Paul Bourget, Ms français, 664-39, Fonds Paul Bourget, Bibliothèque de Fels.
[50] Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, op. cit., p. 98.
[51] Dominique Ancelet-Netter, « Paul Bourget avant et après Le Disciple. Figures du professeur et de l’élève dans Mensonges et L’Étape » dans Maitre(s) et disciple(s), Quêtes Littéraires, nᵒ 9, décembre 2019, p. 67-76, doi.org/ 0.31743/ql.501.
[52] Paul Bourget, Physiologie de l’amour moderne, op. cit., p. 307.
[53] Paul Bourget, Le Disciple, op. cit., p. 327.
[54] Philippe de Ribaucourt « La nature du dilettantisme » dans Revue néo-scolastique, Louvain, n° 53, 1907, p. 44, doi.org/10.3406/phlou.1907.208.
[55] René Doumic, Écrivains d’aujourd’hui, Paris, Perrin, 1894, p. 10.
[56] Ibid., p. 38.
[57] Félix Klein, Autour du dilettantisme, Paris, Victor Lecoffre, 1895, p. 7.
[58] Ibid., p. 21.
[59] Ibid., p. 84.
[60] Ibid., p. 105.
[61] Ibid., p. 114.
[62] Ibid., p. 115.
[63] Ibid., p. 115.
[64] Béatrice Laville, Une poétique des fictions autoritaires. Les voies de Zola, Barrès, Bourget, Bordeaux, Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2020, p. 36.
[65] Ibid., p. 40-41.
[66] Paul Bourget, Le Disciple, op. cit., p. 45.
[67] Ibid., p. 53.
[68] Édouard Rod, Les Idées morales du temps présent, Paris, Perrin, 1905, p.102. Je remercie Adriàn Valenzuella Castelleto de m’avoir signalé cette référence.
[69] Paul Bourget, L'Étape, Plon, Paris, 1902, p. 154.
[70] Béatrice Laville, Une poétique des fictions autoritaires, op. cit., p. 274.
[71] Ibid., p. 275.
[72] André Guyaux, dans Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, édition établie, préfacée et annotée par André Guyaux, Paris, Gallimard, 1993, p. XII.
[73] Gaëtan Bernoville, Paul Bourget, Paris, Denoël et Steele, Célébrités d’hier et d’aujourd’hui, n° 5, 1936, p. 35-36.
[74] Voir Clive Thomson, « ‘‘Le sentiment dont nous parlons’’ : la correspondance de Georges Hérelle », dans Entre public et privé : lettres d’écrivains depuis le XIXe siècle, Études françaises, Volume 55, numéro 1, Montréal, Presses de l’université de Montréal, 55 (1), 2019, p. 17-31.
[75] Paul Bourget, Ms français, 664-1bis, op. cit., vue 3.
[76] Ibid., vue 4.
[77] Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, op. cit., p. 43.
[78] Voir Paul Bourget, Ms français, 664-1bis, vue 20 du 6 mai 1879 ; Paul Bourget, Ms français, 664-3, vue 2 du 3 juillet 1887 et vue 42 du 22 février 1888.
[79] Paul Bourget, Ms français, 664-4, op. cit., vue 61.
[80] Bernard Gendrel, « La conversion de Paul Bourget, chemin vers l’Inconnaissable », Communio, n° 257, 2018, p. 134-146 : « Une croix tracée par la main-même de Bourget marque aussi un autre lieu, cette fois-ci intérieur, précédant le récit de sa conversion dans son journal, le 27 juillet 1901 ».
[81] Maurice Barrès, Mes cahiers, Novembre 1904 - Juin 1908, Paris, Éditions des Équateurs, 2011, t. II, p. 305.
[82] Béatrice Laville, Une poétique des fictions autoritaires, op. cit., p. 28.
[83] Correspondance Jean Lorrain - Joris-Karl Huysmans ; Suivie de poèmes, dédicaces et articles, éd. Éric Walbecq, Tusson, Du Lérot, 2004.
[84] Guy de Maupassant, Les Subtils, Texte publié dans Gil Blas du 3 juin 1884, sous la signature de Maufrigneuse.