D’un père fondateur à l’esprit fraternel des collaborateurs : recompositions journalistiques de généalogies d’entreprises de presse belges francophones (1925-1937)
Dans l’entre-deux-guerres, des journaux belges francophones (dont les quatre grands quotidiens L’Étoile belge (1925), Le Peuple (1925 et 1935), La Libre Belgique (1934) et Le Soir (1936-1937)) publient des numéros qui commémorent l’anniversaire de leur fondation. Analyser les ressorts discursifs et iconographiques de la lecture généalogique qu’ils mettent en œuvre dans leur propre historiographie permet d’une part de comprendre la représentation des valeurs et des pratiques professionnelles des journalistes de cette époque, et d’autre part d’interroger le discours sur les identités journalistiques et les relations professionnelles au sein des entreprises de presse. La mémoire généalogique est mise au service d’une naturalisation d’un héritage professionnel et engage les journalistes dans une loyauté professionnelle vis-à-vis de leurs ancêtres qui est fondée, dans le discours, sur un attachement personnel. Dire l’histoire du journal en termes de relations familiales permet d’assurer publiquement la cohésion nécessaire à la pérennité médiatique du journal.