L’autre-soi à l’écran. À propos du commun généalogique et de l’ombre bienveillante de l’animal-Marker
Quelles formes de récits de soi l’expérience généalogique engendre-t-elle à l’écran ? Dans le contexte autobiographique de l’extrême contemporain, notre contribution s’intéresse à un imaginaire identitaire qui produit des frottements avec la fiction et l’expérimentation pour mettre l’accent sur la part de l’autre dans la construction de soi. Il apparaît que le « souci de soi » se superpose avec un souci du tiers, attestant d’un besoin accru de commun. Le sujet convoque non seulement ses ancêtres biologiques pour se situer mais aussi tout un héritage sensible où les proches, les anonymes et les grands hommes sont pris, sur un principe d’inclusion, dans de nouvelles relations de parenté. Pour éprouver la mise en œuvre de cet « autre-soi », nous proposons d’explorer la singularité de deux conduites créatrices s’inscrivant dans le champ de la création immédiate. Non seulement les projets de Dominique Cabrera (Le Cinquième Plan de La Jetée, en écriture) et de Laurent Roth (L’Emmuré de Paris, en post-production) font émerger les nœuds de la subjectivité et de l’altérité mais ils partagent aussi une même ascendance markerienne. Comment en effet ne pas relever cet heureux hasard : deux cinéastes de la même génération réalisent en ce moment un film à la première personne habité par le fantôme de La Jetée (1962) !