Les soldats artistes amateurs de la Grande Guerre : engagements esthétiques et pratiques autodidactes
Bien avant la Grande Guerre, les artistes dilettantes, autodidactes, sont parfois remarqués dans les salons de Beaux-Arts. Durant le conflit armé, les pratiques artistiques autodidactes s’exercent notamment par la voie des salons militaires, où s’exposent les travaux des soldats artistes amateurs, anciens combattants ou militaires engagés. Les productions esthétiques de ces artistes dilettantes se distinguent de l’artisanat, des inscriptions du front, ainsi que des travaux de soldats invalides issus des Centres de rééducation professionnelle. Pour les soldats artistes amateurs, la guerre constitue une expérience personnelle, à la fois réflexive et remémorative, stimulant une production foisonnante et significative de témoignages iconographiques. Des procédés d’apprentissage autodidacte de genres et techniques créatives comme le bricolage, la caricature, la copie, la décoration, l’hybridation des formats et la narration visuelle traduisent et restituent les expériences des soldats. En outre, si une heureuse rencontre avec les médiateurs de la création artistique rarement donne lieu à la poursuite d’une carrière professionnelle, ce sont surtout leurs héritiers qui livrent les documents aux archives ou aux maisons d’édition. Les collections patrimoniales, publiques et privées, conservent les travaux de ces soldats artistes amoureux du dessin ou de la peinture, dont la réception esthétique et la valorisation patrimoniale arrivent tardivement, au début du XXIe siècle et spécialement lors du Centenaire.