L’œuvre-monde, en petit et en grand : l’écriture du long et du bref chez Zola et les petits naturalistes
Pour les écrivains réalistes et naturalistes, le roman, à lui seul, ne semble pas assez efficace pour dire le monde de manière exhaustive, et c’est ainsi qu’il s’inscrit dans un ensemble plus vaste – le cycle ou la série – avec lequel il fonctionne en réseau. Or, il apparaît que le roman, dans son ambition totalisante, rivalise avec le récit bref, et plus précisément avec les recueils de contes et de nouvelles. La poétique de ces récits brefs s’inscrit, à une échelle autre, dans la logique de l’œuvre-monde, sur le mode notamment de la varietas. Le bref sait dire le monde, et parvient, à sa manière, à constituer une forme d’œuvre-monde en dépit de son format réduit. Ainsi les écrivains réalistes et naturalistes s’attachent-ils à dire le monde et en grand et en petit, selon le principe de la mosaïque. Outre une question d’échelle, il semble exister entre le bref et le long une différence de tonalité dans la façon de représenter le réel. La solennité que revêt le roman semble avoir pour corollaire la légèreté dans le bref. Il s’agit ainsi d’envisager les deux formats comme un dispositif complémentaire dont les modalités esthétiques et les pouvoirs de représentation restent à étudier.