Horizon et structure d’horizon dans la California Trilogy de James Benning
Constituée de 105 plans fixes de paysages d'une durée de deux minutes trente chacun, la California Trilogy, réalisée par le cinéaste américain James Benning et composée des films El Valley Centro (1999), Los (2000) et Sogobi (2001), forme une étude topographique de la Californie autour de la question de l'exploitation de l'eau. Radicalisant les recherches formelles menées par le cinéaste depuis les années 1970, le dispositif mis en place dans ces films impose aux paysages un cadre restreint qui de prime abord semble empêcher leur plein déploiement : cadre temporel lié à une durée préétablie ; cadre de l'image qui délimite le champ de vision du spectateur, d'autant plus restreint que la caméra est fixe et n'offre donc pas une vue d'ensemble du lieu. En s’appuyant sur les écrits de Michel Collot consacrés à la notion d’horizon, ce texte vise toutefois à comprendre dans quelle mesure ce cadre constitue « une limite ouvrante » plus qu’une clôture. En faisant dialoguer les vues de la trilogie, en convoquant le hors-champ temporel et spatial des plans, Benning semble en effet parvenir à « illimiter » le paysage, en rendant sensibles des dimensions absentes à l’image.